"Classes moyennes : quand l'Etat vous aura tout pris !"

Un intelligent petit livre de Jérôme Bonnefoi bouscule les idées reçues sur notre système de retraite ...

Quand l’Etat vous aura tout pris… il vous restera vos yeux pour pleurer et il est probable qu’il créera alors un impôt sur les larmes. En analysant dans son livre l’étranglement progressif des classes moyennes par les prélèvements obligatoires, l’auteur consacre aux retraites un chapitre dans lequel il pointe les défauts rédhibitoires du système français :
· Injuste et incohérent, puisque 40 régimes de retraites obligatoires y coexistent dont les caractéristiques et le mode de financement diffèrent considérablement, notamment entre le secteur public et parapublic, bénéficiant de généreux régimes spéciaux, et le secteur privé dont les retraites baissent de manière continue.
· Inefficace, car le transfert immédiat des cotisations, inhérent au système par répartition, ne procure pas le rendement que le retraité aurait pu espérer s’il avait capitalisé les retenues opérées sur son salaire tout au long de sa carrière.
· Contraignant puisqu’aucun espace de liberté n’y existe, hormis celle de souscrire à une assurance privée « surcomplémentaire », alors que les cotisations obligatoires atteignent déjà des montants considérables.
Au passage, Jérôme Bonnefoi souligne que le système français n’est pas un véritable système par répartition, puisque les non-salariés contribuent à abonder les caisses de la CNAV en acquittant la CSG et le CRDS, et surtout que l’Etat finance directement les retraites de ses propres agents.
Observant ce qui se passe à l’étranger, l’auteur constate qu’en Suède, on peut travailler aussi longtemps qu’on le veut et que 13,5 % des cotisations doivent être placées dans un fonds de pension, public ou privé. Et qu’en Allemagne, où le déséquilibre démographique est particulièrement accusé, une partie des cotisations (20 % en 2008) est basculée sur des assurances privées, incitations fiscales à l’appui. Dans ces pays la répartition et la capitalisation ne s’opposent donc pas, mais se complètent.
Retour en France, où la réforme 2010 reste insuffisante pour assurer le financement des retraites. Jérôme Bonnefoi propose une autre piste de réflexion et de réforme : à savoir, une retraite à la carte et par points, associant répartition et capitalisation, qui laisserait au salarié la liberté de choisir l’âge de son départ (le montant de la retraite dépendant des cotisations versées) et le niveau de capitalisation qu’il désire.
Facile à lire et bien informé, Quand l’Etat vous aura tout pris ! est un petit livre qui remet à l’endroit bien des idées tordues et que les membres de Sauvegarde Retraites trouveront plaisir à lire.
Jérôme Bonnefoi, Classes moyennes : quand l’Etat vous aura tout pris !, Editions Tempes, 160 pages, 14 €.

Fermer