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Public / Privé : la réforme Fillon n'a pas gommé les inégalités

En 2005, 8,5 millions de retraités du privé ont touché une retraite globale de 106,71 milliards d’€, soit une retraite moyenne de 12 550 € par an. La même année, 3,5 millions de retraités du public ont perçu 76,22 milliards d’€. Soit une retraite annuelle par personne de 21 777 €. Ce qui signifie que le retraité du public perçoit, en moyenne, une pension presque double de celle du retraité du privé, toutes professions confondues.
La réforme Fillon de 2003 voulait réduire les inégalités entre le public et le privé : c’est raté ! Car, comme le démontre le professeur Jacques Bichot dans sa dernière étude*, elle n’a pas fait converger les régimes privilégiés vers le droit commun : elle a simplement évité que l’écart entre eux ne s’accroisse trop. Nuance de taille !
Depuis la réforme, le secteur public a continué de bénéficier d’avantages non négligeables : en matière de surcote (13 fois plus de bénéficiaires pour un montant double par rapport au privé), de réversion (pas de plafond de ressources), de départs anticipés (la moitié de la fonction publique part avant 60 ans contre un quart dans le privé), de salaire de référence (les six derniers mois contre les 25 meilleures années et toute la carrière pour les régimes complémentaires Agirc et Arrco), de bonifications d’annuités, de niches à ce jour inexpugnables (fonctionnaires d’Outremer, contrôleurs aériens, parlementaires…), sans oublier les intouchables régimes spéciaux qui seront à peine égratignés par leur soi-disant réforme.
Et si on alignait la retraite publique sur celle du privé ? On économiserait, au bas mot, plus de 32 milliards d’euros par an. Un sacré coup de pouce pour financer les retraites ! Dès lors, pourquoi ne pas imaginer un système équitable, fondé sur un principe simple : « à cotisation égale, retraite égale » ? C’est facile à comprendre sauf… pour les 3,5 millions de bénéficiaires d’une retraite privilégiée. « Que certaines corporations obtiennent un traitement bien plus avantageux que le commun des mortels, voilà qui est radicalement incompatible avec l’égalité républicaine » poursuit le professeur Bichot avant de conclure : « l’intérêt bien compris des bénéficiaires de régimes privilégiés est d’accepter aujourd’hui une vraie réforme, pour échapper demain à une révolution ». L’immense capacité de résistance des corporatismes nous précipitera-t-elle un jour dans le chaos ? C’est une vraie question.
*Réforme des retraites : le plus dur reste à faire. Etude n° 18. Téléchargeable en ligne, dans l’onglet Etudes et Analyses sur la page d’accueil.

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