Réserves du privé, la vigilance s'impose

Un rapport sénatorial publié au mois de juillet fait le point sur les réserves des régimes de retraite, sur lesquelles l’Etat serait tenté de mettre la main.

Selon un rapport d’information du Sénat sur les réserves des régimes de retraite, publié le 7 juillet, « au total, l’ensemble des réserves détenues par les régimes de retraite par répartition au 31 décembre 2019 représentaient 157,5 milliards d’euros en valeur de marché. » En y ajoutant les 21,7 milliards du Fonds de Réserve pour les Retraites, « à la veille de la pandémie de covid-19, la situation patrimoniale nette du système de retraite obligatoire par répartition atteignait donc 179,2 milliards d’euros », écrivent les auteurs du rapport.

Ces niveaux ont baissé depuis, notamment en raison des mesures de chômage partiel prises dans le cadre de la crise sanitaire – ainsi, le régime complémentaire des salariés du privé, AGIRC-ARRCO, ne dispose-t-il aujourd’hui que de 61 milliards d’euros de réserves au lieu des 66,5 milliards d’euros qu’il détenait fin 2019 (en comptant la réserve de fonds de roulement, le total des réserves de l’Agirc-Arrco s’élevait même alors à 84,1 milliards d’euros).

En outre, l’importance des réserves en volume importe moins que la durée pendant laquelle elles pourront garantir le versement des pensions, à mesure, notamment, que le rapport entre le nombre de cotisants et celui des pensionnés deviendra plus défavorable. Les sénateurs soulignent ainsi qu’« en masse financière, l’Agirc-Arrco dispose du stock de réserves le plus important de tous les régimes de retraite (…), mais celui-ci permet au régime complémentaire des salariés du secteur privé de ne couvrir qu’une année de versement des pensions*, quand la CRPNPAC [ Caisse de Retraite du Personnel Navigant Professionnel de l'Aéronautique Civile, ndlr ], qui ne dispose " que ʺ de 5,5 milliards d’euros de réserves financières, pourrait couvrir près de neuf ans de prestations. »

Reste que ce " magot ", constitué essentiellement par les caisses complémentaires pour assurer l’avenir, intéresse l’Etat, qui est loin de se montrer aussi prévoyant concernant les régimes spéciaux dont bénéficient les agents publics. Comme l’écrivent encore les rapporteurs, « les régimes disposant de réserves ne sont pas ceux qui sont confrontés aux déficits les plus importants. La tentation d’équilibrer le système dans sa globalité en recourant aux réserves des uns pour assurer la couverture des déficits des autres peut donc être forte. »

Raison de plus pour que les affiliés aux régimes du privé, qui ont fourni de gros efforts, restent vigilants. Toute bonne réforme doit commencer par celle des régimes spéciaux, pour les rendre financièrement viables, autonomes et donc à l’équilibre.

*Selon l’AGIRC ARRCO, les réserves en 2021 représentent neuf mois de versements de pensions.


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