Le Cor nous trompe !
On connait la musique : l’autre nom du COR, c’est la trompe…
Cet organisme sert trop souvent de caisse de résonnance à la propagande de l’Etat en matière de retraite. Ainsi ses experts écrivent-ils sans vergogne, au chapitre consacré au financement du système de retraite, qu’en 2014, « un peu plus des trois quarts » de ce financement provenaient « de cotisations sociales (234 milliards d’€) – dont 38 milliards d’€ de cotisations de l’État en tant qu’employeur au régime de la fonction publique d’État (FPE). »
Il s’agit d’une fiction. Concrètement, ces cotisations ne correspondent à aucun transfert de fonds vers une caisse de retraite.
Lorsque le COR ajoute que « le reste des ressources est constitué pour moitié d’impôts et taxes affectées (ITAF) à hauteur de 36 milliards d’euros, soit 12 % des ressources », il convient donc d’ajouter à ces 36 milliards d’impôts, les 38 milliards enregistrés au titre des prétendues cotisations des agents de l’Etat, en réalité tirées de la poche des contribuables.
Le COR n’est cependant pas le seul outil de communication que l’Etat utilise pour tromper les Français. Le « jaune budgétaire » annexé à la loi de finances 2016 et consacré aux pensions de retraites de la fonction publique véhicule les mêmes contre-vérités que le rapport du COR. On y lit notamment que le fonctionnement du régime des fonctionnaires de l’Etat est « proche de celui d’une caisse de retraite, avec des taux de contribution salariaux et employeurs », nonobstant le fait qu’il n’existe précisément pas de caisse de retraite des fonctionnaires de l’Etat et que les cotisations, répétons-le, sont fictives. Avec encore plus d’audace, le même rapport affirme que « les soldes des régimes de la fonction publique sont à l’équilibre » ! Le régime de retraite des fonctionnaires de l’Etat présenterait même « un solde d’exécution excédentaire de 638 M€ »…
Il faut une belle audace pour l’affirmer, alors que les pensions des fonctionnaires de l’Etat, qui ne cessent de s’accroître, représentent le premier poste de dépenses du budget (53,5 milliards d'€).
Comment peut-on prétendre que le régime spécial des agents de l’Etat est excédentaire, alors qu’il est intégralement financé sur le budget de l’Etat, qui est lui-même chroniquement déficitaire ? Et quand, selon les chiffres fournis par le jaune budgétaire, les engagements de l’Etat pour les pensions de ses fonctionnaires, autrement dit sa dette-retraite, s’élèvent à 1 561 milliards d’€ ?
Le jaune budgétaire s’applique à maquiller ces évidences, non pas pour tromper le bon peuple, dont les jaunes budgétaires ne constituent pas la lecture favorite. Ces documents-là s’adressent en priorité aux parlementaires, qu’ils sont censés éclairer avant le vote du budget. Avec de tels « éclairages », le déficit n’est pas surprenant !