Le Comité de suivi des retraites est moins doué que Madame Irma

Son avis annuel sur l'état du système de retraite, rendu à Manuel Valls le 13 juillet, montre que, pour connaître l’avenir des retraites en France, mieux vaut la boule de cristal...

Le nouveau rapport n’est pas moins creux que ne l’était le précédent, publié l’an dernier à peu près à la même date. On y trouve néanmoins deux confirmations.

· Première confirmation : le comité, dont les prévisions s’appuient sur les hypothèses conjoncturelles passablement optimistes du Conseil d’orientation des retraites (COR), annonce une baisse des taux de remplacement « pour les générations nées à partir de la fin des années 1950… ».
On appelle « taux de remplacement » le rapport entre la pension que perçoit un retraité à la liquidation de ses droits et le montant de son dernier salaire.
Selon le comité de suivi des retraites, cette baisse devrait permettre « d’équilibrer financièrement le système de retraites à l’horizon de 2040 », dans le cadre d’un scénario (B) qui retient des conditions jamais atteintes depuis quarante ans : en particulier, un taux de chômage à 4,5 %, ce qui correspond presque au plein emploi. Ce scénario prévoit « une baisse de l’ordre de 20 % de la pension moyenne relative à cette échéance » (2040) – ce qui n’est pas mince !

· Deuxième confirmation, liée peu ou prou à la précédente : les projections à plus de dix ans du COR et du Comité de suivi des retraites sont dénuées de véritable signification. En 2014, le comité estimait que, « pour les régimes de base et compte tenu des mesures récemment prises, la trajectoire de retour à l’équilibre financier d’ici 2020 reste accessible ». Un an plus tard, il apparaît que dans le scénario (B) très optimiste évoqué plus haut, le retour à l’équilibre ne serait pas atteint avant 2028.

En un an, le retour à l’équilibre a donc été retardé de huit ans, voire beaucoup plus dans les scénarios, hélas plus réalistes. Et l’an prochain, quelles nouvelles échéances le Comité de suivi des retraites et le COR nous annonceront-ils ?

Il n’est pas besoin de la boule de cristal de Madame Irma pour prévoir que le système de retraite français, structurellement déficitaire, continuera de se détériorer tant qu’il ne sera pas procédé à une réforme structurelle.


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