Les deux France de la retraite

Les mesures envisagées pour éviter la faillite des régimes complémentaires du privé pourraient creuser encore l’écart entre les pensionnés privilégiés des régimes spéciaux et ceux du secteur privé.

Les pistes le plus couramment évoquées par les complices sociaux prévoiraient :

- un nouveau coup de rabot sur les pensions servies par les deux régimes, soit par le biais d’un abattement, soit par la désindexation des pensions, qui augmenteraient moins vite que l’inflation

- le recul de l’âge de départ, qui pourrait être repoussé, pour les générations nés à partir de 1957, jusqu’à 67 ans, sous peine de subir une décote progressive, mais qui pourrait être définitive (de 40 % pour un départ à 62 ans à 1 % à 66 ans)

- Un recul de l’âge auquel la pension de réversion est versée aux veuves (et aux veufs), qui serait reporté de 55 à 60 ans.

En revanche, les affiliés aux régimes spéciaux du secteur public continueront :

- à bénéficier de régimes dits « à prestations définies », le montant de leurs pensions (calculées sur les 6 derniers mois de salaire) restant garanti à 100 % par l’Etat, tandis que celui des pensions du privé, « à cotisations définies », diminue régulièrement.
Il faut donc s’attendre à ce que l’écart entre les pensions moyennes dans la fonction publique et dans le secteur privé, qui était déjà de 42,6 % en 2013 en faveur des premières selon la DREES* (2 510 € dans la fonction publique d’Etat contre 1 760 € pour les salariés du privé), se creuse encore davantage

- à partir à la retraite, pour plus d’un million d’entre eux, à 57, voire 52 ans (fonctionnaires classés en service actif, agents de conduite de la SNCF…), tandis que les retraités du privé seront contraints de partir à 67 ans – soit 10 à 15 ans plus tard – s’ils ne veulent pas être frappé par de fortes décotes

- et, en cas de veuvage, à percevoir une pension de réversion sans aucune condition d’âge ni de ressources, tandis que les veuves de salariés du privé – y compris celles qui, restées au foyer pour élever leurs enfants, ne perçoivent pas elles-mêmes de pension de retraite – ne le pourraient pas avant d’atteindre 60 ans révolus.

Dans la république française comme dans La Ferme des Animaux, de George Orwell, tous les retraités sont égaux, mais certains sont plus égaux que d'autres.
* Drees : Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques.


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