L'écart public-privé va se creuser
publié le 21-05-2015
Le futur accord Agirc-Arrco va aggraver encore davantage la différence de traitement entre salariés du privé et bénéficiaires de régimes spéciaux.
Pour faire face au défi financier auquel sont confrontées les caisses complémentaires Agirc-Arrco, les salariés du privé vont encore devoir fournir des efforts supplémentaires, notamment le recul d’un an de l’âge de départ à taux plein, soit 63 ans. C’est ce qui se profile dans le futur accord Agirc-Arrco qui sera signé le 30 octobre prochain.
Pendant ce temps, un million de fonctionnaires classés dans la catégorie dite « active » vont pouvoir continuer à liquider leur retraite dès 52 ou 57 ans. Résultat : l’écart public-privé se creuse toujours davantage, les inégalités s’aggravent.
Et ce n’est pas tout : les salariés du privé devront encore cotiser davantage, et encaisser de nouvelles décotes s’ils partent avant 63 ans, même en ayant validé les 41,5 annuités de cotisations requises. La pilule est amère quand on sait que les fonctionnaires continuent de leur côté d’accumuler à tout bout de champs les trimestres gratuits et passent entre les gouttes à chaque nouvelle réforme.
L’incertitude qui pèse sur l’avenir des pensions Agirc-Arrco doit être mise en parallèle avec les prestations définies et garanties (par le contribuable) qui caractérisent les régimes spéciaux, lesquels s’appuient sur des règles quasiment gravées dans le marbre (en particulier une pension garantie par l’Etat, d’un montant représentant à la liquidation 75 % à 80 % du salaire moyen calculé sur les six derniers mois d’activité).
Bref, la forfaiture continue : les fonctionnaires contribuent moins, partent plus tôt, perçoivent davantage… et ce sont tous les français qui paient l’addition. Nous sommes loin de la grande « réflexion nationale » annoncée par la loi Woerth de 2010 (article 16) qui devait étudier notamment « les conditions d'une plus grande équité entre les régimes de retraite légalement obligatoires ». On l’attend toujours…
Il en sera sans doute ainsi tant que ce seront les fonctionnaires, autrement dit les bénéficiaires des régimes spéciaux, qui seront chargés de gérer les régimes de retraite des salariés du secteur privé, qu’il s’agisse de la Cnav ou, dans les faits, des complémentaires Agirc et Arrco, le « paritarisme » n’étant en l’occurrence que le faux-nez de l’Etat.
- Mots clés :
- régimes spéciaux ; inégalité public privé