Agirc-Arrco : « représentants » du public pour affiliés du privé
30 millions de personnes (18 millions de cotisants et 12 millions de retraités) sont affiliés à l’Agirc-Arrco, et pourtant les centrales syndicales ne sont pas parvenues à en trouver cinq pour représenter les salariés du privé dans les négociations en cours sur l’avenir des caisses de retraite complémentaire !
En effet, deux au moins des cinq négociateurs désignés par les centrales (soit 40 % de la délégation) bénéficient d’un régime spécial du secteur public :
- Pascale Coton, 52 ans, désignée par la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), dont elle est secrétaire générale confédérale, a fait carrière à La Poste pendant 29 ans, avant d’être « détachée » auprès du syndicat en 2011.
- Philippe Pihet, 59 ans, désigné par Force ouvrière (CGT-FO), dont il est secrétaire confédéral, cumule 37 ans de carrière publique, dont 15 ans à l’URSSAF et 22 ans à l’assurance-maladie (CRAM Carsat) ! Membre du conseil d'administration de l'Arrco depuis 2009, il siège en outre au sein du Conseil d'orientation des retraites (COR).
Comment ces personnes, « servies » par les meilleurs dispositifs, pourraient-elles négocier avantageusement les futurs ajustements et coups de rabot qui ne manqueront pas de toucher, une fois encore, les salariés du privé, tandis que ceux du public continuent à camper sur leurs « avantages acquis » ?
Comment ne pas souligner également une certaine confusion des genres, voire un conflit d’intérêt, quand certains négociateurs cumulent les fonctions de représentant des salariés avec leur appartenance à des structures aussi politiques que le Conseil d’orientation des retraites (COR), qui conseille le gouvernement en matière de retraites ? Peut-on être à la fois juge et partie ?
Philippe Pihet n’est d’ailleurs pas le seul négociateur à être membre du COR : c’est également le cas de Serge Lavagna, 62 ans, ancien cadre de direction dans une institution pour personnes handicapées détaché auprès de la CFE-CGC.
Pascale Coton s’est réjouie d’avoir été désignée en déclarant car, selon elle, « on n'entend pas assez la voix des femmes dans ces négociations ». Il serait surtout préférable que l’on y entende davantage la voix des affiliés à l’Agirc et à l’Arrco, et non celle de représentants qui n’en sont pas vraiment…
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