Comité de suivi des retraites : on garde les mêmes !

Cette Commission devait organiser la « réflexion nationale » sur une réforme du système de retraite, prévue par la loi Woerth du 9 octobre 2010.
Sauvegarde Retraites a publié, fin 2013, une étude montrant comment, en réalité, cette réflexion a été confisquée par la haute fonction publique, d’où était issue la totalité des membres (experts et rapporteurs) de la Commission et plus de 80 % des personnalités auditionnées.

Parmi les mesures préconisées dans ce rapport, figurait la création d’un nouveau comité de pilotage des retraites – encore un ! –, chargé de rédiger chaque année un avis sur les objectifs assignés au système de retraites et de formuler des recommandations en cas de dérapage. Institué par la loi du 20 janvier 2014, il comprend un président et quatre membres, qui ont été nommés fin juin.
Or, la présidente n’est autre que Yannick Moreau et trois membres sur quatre appartenaient à la Commission Moreau (Florence Parly et Didier Blanchet au titre d’experts, Marie Daudé comme rapporteur). Le nouveau comité est donc - comme l’était la Commission - majoritairement représentatif de la haute fonction publique.
Yannick Moreau, sa présidente, est une énarque, Conseiller d'Etat ; elle dirigea le cabinet de Jean-Pierre Chevènement quand il était ministre de l'Education nationale. Elle a depuis présidé le Conseil d'Orientation des Retraites (COR), puis la Commission pour l'avenir des retraites.
Florence Parly, énarque, aujourd'hui directrice générale adjointe d'Air France Cargo, vient également de la haute fonction publique (Direction du Budget). Elle a appartenu aux cabinets ministériels de Michel Durafour, Paul Quilès, puis Lionel Jospin dans le gouvernement duquel elle a été nommée secrétaire d'Etat au Budget.
Didier Blanchet est chef du département des études économiques à l'INSEE.
Marie Daudé, énarque, a accompli toute sa carrière à la direction de la Sécurité sociale.

- La seule personnalité du nouveau comité qui n’ait pas participé à la Commission Moreau est Olivier Garnier. Polytechnicien, il a d’abord travaillé au ministère de l’Economie et des Finances, avant de rejoindre la Société Générale en 1998.

A cette exception près, on garde les mêmes pour continuer sur la même voie. Il y a donc fort peu de chances que le nouveau comité de pilotage se montre moins pusillanime dans ses analyses et ses préconisations que la Commission Moreau, notamment concernant les régimes spéciaux, auxquels la pseudo-réforme de 2013-2014 s’est bien gardée de toucher.