Les retraites dorées des grévistes de la SNCF
Depuis une semaine, une minorité de cheminots syndiqués bloque le pays pour protester contre une réforme qui vise à réunir deux entreprises publiques qui n’en faisaient qu’une jusqu’en 1997, à savoir la SNCF et RFF (Réseau Ferré de France), sous le chapeau d'un nouvel établissement public.
Or ces grévistes, contrairement aux millions de Français qu’ils prennent en otages, bénéficient non seulement de la sécurité de l’emploi attachée à leur statut de salariés d’une entreprise publique, mais aussi de privilèges liés à un régime spécial de retraite, caractérisé par :
- . une pension calculée sur les six derniers mois de salaire (75% et jusqu'à 80% grâce aux bonifications) et garantie par l'Etat ;
- . un âge de départ à la retraite à 50 ans (pour les agents de conduite, autrement dit les conducteurs de train) ou 55 ans (pour les autres personnels). Il est prévu que l’âge d’ouverture du droit à pension recule progressivement - à partir de 2017 seulement et jusqu'en 2023 - pour atteindre 52 ans (pour les conducteurs) et 57 ans (pour les autres).
. des bonifications donnant droit à des trimestres gratuits. Elles sont supprimées pour les agents recrutés à partir du 1er janvier 2009 mais restent d'actualité pour ceux qui sont entrés à la SNCF avant cette date et qui, selon la Cour des comptes, contribuent à "améliorer le taux de liquidation des pensions des agents de conduite (...) ou travaillant en bureau de dépôt ou en ateliers".
- . des cotisations salariés qui ne dépassent pas 8,05 % en 2014 et n’atteindront un taux à peu près comparable à celui du privé qu’en 2025.
Ce régime très privilégié est structurellement déficitaire, en raison notamment de l’importance du nombre des bénéficiaires (285 458 en 2010) par rapport à celui des cotisants (159 770 en 2010).
Heureusement, les contribuables sont là pour assurer, entre deux grèves, le train de vie des cheminots à la retraite : en 2013, l’Etat a ainsi consenti une subvention d’équilibre de 3,4 milliards d’euros au régime spécial de la SNCF.
S’y ajoute la compensation (49,3 millions d’euros en 2011), versée par les autres caisses de retraite - dont les affiliés sont moins bien traités - pour garantir aux pensionnés des chemins de fer leur retraite dorée.
Elle n'est pas belle, la grève ?
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