Allègement des cotisations ou jeu de bonneteau ?

Une augmentation des traitements réels des fonctionnaires en baissant le niveau de leurs cotisations fictives est envisagée. Cherchez l’erreur…

Le ministre de la Fonction publique, Marylise Lebranchu, a proposé un « allègement » dégressif des cotisations retraites pour les agents rémunérés entre 1 et 1,5 smic.

Selon les syndicats, cette mesure, qui devrait s’appliquer à partir du 1er janvier 2015, concernerait 2,2 millions de fonctionnaires, qui bénéficieraient ainsi d’une augmentation de leur revenu annuel net comprise en 50 et 558 euros (pour ceux payés au smic). Cette mesure ferait le pendant avec celle décidée en faveur des salariés du secteur privé rémunérés entre 1 et 1,3 smic, qui pourrait aussi se traduire par une hausse de salaire d’environ 500 euros net par an pour les « smicards », à en croire le gouvernement .

Toutefois, les situations ne sont pas identiques.

En effet, les allègements consentis au secteur privé portent sur les cotisations réellement acquittées pour leurs salariés par les entreprises, grâce à la richesse créée par leur activité. Incluses dans le coût du travail, ces cotisations amputent vraiment les revenus des salariés, que l’entreprise pourrait mieux payer si les prélèvements sociaux étaient moins lourds : c’est d’ailleurs le résultat attendu de la mesure annoncée.

Il n’en va pas de même dans le cas des fonctionnaires de l’Etat, dont les cotisations, fictives, ne correspondent à aucun mouvement de fonds réel, mais se résument à des jeux d’écriture. En réalité, les pensions sont payées directement par l’impôt – et en situation de déficit chronique, creusent encore la dette publique.

En définitive, l’augmentation de salaire consentie aux salariés du secteur privé résultera donc d’un moindre prélèvement tandis que dans les faits, celle octroyée aux fonctionnaires ne sera compensée par rien, mais financée par l’ensemble des contribuables.
Cette différence dûment soulignée, précisons qu’il s’agit, dans les deux cas, d’un faux cadeau, puisque les caisses retraites comme le budget de l’Etat sont aujourd’hui dans le rouge.
Les « cadeaux » du gouvernement ressemblent à ceux d’un joueur de bonneteau : au bout du compte, qui les paiera ?


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