Petites retraites : vous avez dit "justice sociale" ?
Devant la fronde des députés de la majorité, Manuel Valls a confirmé hier devant l'Assemblée nationale que les pensions inférieures à 1 200 € seraient épargnées - pensions de base et complémentaires cumulées - par le gel de la revalorisation des pensions.
Cette mesure dite « de justice sociale » en direction « des plus modestes » est l'arbre qui cache la forêt de l'absence d'équité du système de retraite. Pour qu'il y ait « justice sociale », encore faudrait-il que l'on tienne compte du niveau de contribution réel des uns et des autres.
Par ailleurs, en focalisant l'attention sur le sort des petites retraites, le gouvernement jette un écran de fumée sur la réalité : après le report de la revalorisation du 1er avril au 1er octobre, les retraités prennent un an de plus « dans la vue », puisque cette revalorisation n’interviendra pas le 1er octobre 2014, mais le 1er octobre 2015.
La première mesure était une manière de racler les fonds de tiroir, la seconde traduit une sorte de « panique à bord ». 50 milliards d'euros d'économie, dans le cadre du pacte de stabilité budgétaire, ça ne se trouve pas « sous le sabot d'un cheval ». Alors, le gouvernement donne en quelque sorte le coup de pied de l'âne aux retraités.
Cela fait des années, en effet, que l'on jure, au nom d'un « pacte social » qui reposerait sur la confiance, que les pensions ne seront pas touchées. Or, de coups de rabot en matraquage fiscal, les pensions du privé s'érodent, les taux de remplacement baissent.
Ce nouveau coup est symptomatique de l'incapacité de notre système de retraite à honorer ses fausses promesses. Et les retraités servent de variable d'ajustement favorite, au milieu d'écrans de fumée politico-médiatiques...
Ce n'est ni « juste », ni « social ».
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