Petite leçon d'économie à l'attention de Mme Touraine

Madame Touraine, ministre des Affaires sociales, annonce tout de go que sa réforme garantit la retraite de nos enfants... Plus c'est gros, plus ça passe !

Non, en réalité, cette fois ça ne passe plus... Faut-il vraiment rappeler à notre ministre qu'en France, les retraites sont essentiellement financées par répartition ? Dans un tel système, les cotisations des actifs sont immédiatement reversées aux retraités du moment. Rien n'est épargné puisqu'il ne s'agit pas de capitalisation. Ainsi, la retraite de nos enfants sera payée par leurs propres enfants... Pour la plupart, pas encore nés ! Or, jusqu'à preuve du contraire, le gouvernement ne contrôle pas encore les naissances à venir, et n'a sûrement pas le pouvoir de commander la situation économique de la France, d'ici à 2050-2070 !

Au surplus, voici ce que prévoit la nouvelle loi sur les retraites pour nos enfants :

• 43 années de cotisation (au lieu de 41,5 ans). On ne saurait alors trop leur conseiller de ne pas traîner pendant leurs études, s'ils veulent une retraite avant 70 ans...
• un supplément de prélèvements obligatoires par rapport à leurs parents qui ne sont déjà pas épargnés...

Enfin, n'en déplaise à madame Touraine, avant de prendre leur retraite, nos enfants devront d'abord financer la dépendance et la retraite de leurs grands-parents, la retraite de leurs parents et la dette publique (2 000 milliards d'euros !) et ses intérêts... Merci qui ?

Alors, pure ignorance ou démagogie ? Chacun se fera une idée...
En attendant, quelle que soit la cause de ce sophisme, il ne sert à rien de la part de notre ministre de systématiquement diaboliser la retraite par capitalisation et, au contraire, de glorifier la répartition, si c'est pour confondre les deux.

En somme, Marisol ne risque pas le prix Nobel d'économie. Quant à celui de démagogie, il n'existe pas... Tant mieux pour elle !

NB : Voir Marisol Touraine : "La retraite de nos enfants est garantie", Le Parisien, 18 décembre 2013, p.6