Quand la Banque de France oublie de balayer devant sa porte
Il a osé ! Ecrivant au Président de la République en personne, le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer se permet une bien curieuse leçon de morale, déplorant que le projet gouvernemental d’allongement de la durée de cotisation pèse uniquement sur les actifs : « Pour l’instant, rien n’a été demandé aux retraités, (…) les retraités doivent prendre part à l’effort », s’indigne-t-il. Pour le patron de l’institution publique qui bénéficie de l’un des meilleurs régimes spéciaux, « faire contribuer les retraités au financement des retraites relève de l’équité intergénérationnelle ».
Il demande ni plus ni moins qu’une « désindexation temporaire partielle des prestations sociales », comme cela a été fait pour les retraites complémentaires des salariés du privé (Agirc-Arrco). En réclamant un coup de rabot de plus sur les pensions au nom de l’équité, le respectable gouverneur ne manque pas de coffre.
Equité pour équité, on aurait pu penser, en effet, qu’il allait demander lui-même une vraie réforme du régime spécial de la Banque de France. Que nenni, pas un mot ! Un comble quand on sait que son super régime spécial – encore meilleur que ceux d’EDF-GDF ou encore de la SNCF ! – a été faussement réformé en 2007.
En effet, si les retraites des employés de la Banque ont, en partie, été alignées sur celles des fonctionnaires, ce n’est pas sans de généreuses compensations et mirobolants compléments de retraites, sans équivalents dans aucun régime.
Ainsi, Christian Noyer aurait peut-être mieux fait de tremper plusieurs fois sa plume dans l’encrier avant de réclamer des efforts de tout le monde… sauf de lui-même.
C'est ce qui s'appelle oublier de balayer devant sa porte.
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