Sacrifier les retraites pour sauver le « système »

L’Elysée envisagerait une durée de cotisation de 44 ans : une manière de taper sur les affiliés pour "zapper" la réforme structurelle de 2013… et préserver les régimes spéciaux.

Une fois encore, c’est une réforme paramétrique qui se profile, en lieu et place de la grande réforme structurelle envisagée par la loi Woerth (article 16). Et une fois encore, la petite réforme pourrait se transformer en grande désillusion.
En effet, selon Europe 1, l’Elysée prévoit, comme pivot de la réforme, l’allongement de la durée de cotisation pour une retraite à taux plein : « L'Elysée souhaite pousser le curseur assez loin, à 44 annuités contre 41 annuités et demie aujourd'hui. »
Cette manière de jouer systématiquement sur des paramètres sans jamais réformer en profondeur revient à faire rentrer de force avec un chausse-pied le talon d’Achille toujours plus douloureux des retraites, tandis que les régimes spéciaux continuent à pantoufler confortablement.
Ici, ce n’est pas le système de retraite qu’on adapte aux affiliés et aux réalités, ce sont les retraités – actuels et à venir – que l’on soumet et la réalité que l’on tord dans tous les sens pour s’adapter aux dogmes inamovibles et aux prétendus droits acquis des fonctionnaires. Toujours plus de contraintes, toujours plus d’effort… pour toujours moins de résultats. L’expérience le prouve entre 1994 et 2010, la durée de cotisation est passée de 150 trimestres à 166, sans éviter que la plupart des régimes s’enfoncent dans le rouge.
Pis, l’hypocrisie maximale, dans cette affaire, est de prétendre ne pas toucher à l’âge de départ. Aujourd’hui, les jeunes cadres débutent leur carrière professionnelle en moyenne à 26 ans, ce qui signifie qu’ils devront attendre 70 ans pour bénéficier d’une retraite à taux plein, alors même que l’emploi des séniors est en berne.
Et ce n’est pas tout : parmi les autres pistes avancées, l’alignement de la CSG des retraités sur celle des actifs est évoqué, ainsi que la fameuse « désindexation », langage pudiquement technocratique qui signifie que les revalorisations de pensions seront inférieures à l’inflation.
Bref, plutôt que se diriger vers un système universel par points, fondé sur le principe d’équité – « à contribution égale, pension égale » –, le gouvernement s’apprête à allaiter le « Rendez-vous 2013 » aux deux mamelles de la fausse réforme perpétuelle : contraindre toujours plus les actifs et faire baisser le pouvoir d’achat des retraités. En clair, sacrifier les retraites pour sauver le système.

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