Le "patrimoine retraite" des ministres, toujours occulte
Cumulant sans limite les régimes spéciaux, les politiques se préparent discrètement un confortable "patrimoine retraite"..., qui ne fait, jusqu'à ce jour, l'objet d'aucune déclaration publique.
Chacun appréciera les déclarations de patrimoine des ministres, récemment publiées par le gouvernement. Force est de constater que la fameuse transparence ne va pas jusqu'au bout...
En effet, l'un des avantages les plus déterminants dont bénéficient nos ministres réside dans le cumul sans limites de régimes spéciaux, qui affichent une grande générosité : régime des parlementaires, régimes de la fonction publique, etc..
Ils se constituent ainsi progressivement un véritable "patrimoine retraite", c'est-à-dire le cumul de droits à pension acquis, qu'ils toucheront l'âge venu. Ainsi, le patrimoine affiché, avec plus ou moins de
crédibilité, ne constitue que la partie émergée de l'iceberg : qui dit cumul des mandats ou des fonctions dit cumul des pensions de retraite.
A tout seigneur tout honneur, le premier de tous les ministres est probablement l'un des plus grands cumulards parmi ses pairs. Jugez plutôt : successivement ou concomitamment fonctionnaire de l'Education nationale, conseiller général, maire, président d'agglomération puis de communauté urbaine, député (président de groupe) et enfin Premier ministre, Jean-Marc Ayrault est le roi des cumulards..., et de la multiple affiliation aux régimes spéciaux. Tout compris, ses avantages retraite devraient dépasser la barre des 15 000 euros par mois... Avec une espérance de vie à la retraite de 20 ans, le Premier ministre est potentiellement assis sur un tas d'or de 3,6 millions d'euros : un chiffre bien supérieur à son patrimoine déclaré (1,5 million d'euros).
Laurent Fabius, numéro 1 au box-office du patrimoine (6,5 millions d'euros) est également bien placé à celui du "patrimoine retraite". Là encore la clé réside dans le cumul des mandats et la longévité de la carrière de l'ancien "plus jeune Premier ministre de France" : conseiller d'Etat, député, Premier ministre puis ministre, adjoint au maire, président de communauté d'agglomérations... De quoi voir venir, d'autant que Laurent Fabius a liquidé sa retraite de haut-fonctionnaire dès 2001, à l'âge de 55 ans, juste avant que les règles ne changent.
Les cas sont courants, dans le gouvernement, de ministres ayant occupé tout un panel de mandats locaux et nationaux : Michel Sapin, Marylise Lebranchu, Michèle Delaunay, Pierre Moscovici, etc...
Au-delà du patrimoine déclaré, ils s'apprêtent donc à toucher le pactole de futures pensions assises sur des règles dérogatoires au droit commun et qui demeurent taboues.
Si les ministres voulaient vraiment la "transparence", il serait judicieux qu'ils publient également leur "patrimoine retraite" et surtout, qu'ils mettent fin aux régimes spéciaux dont ils sont souvent les premiers à bénéficier.
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