SNCF : les projections du COR déraillent

De plus en plus contestées, les projections financières du COR paraissent dictées par le gouvernement. Cas d’école : le régime spécial de la SNCF.

Au terme de sa réunion du 26 mars 2013, le COR (Conseil d'orientation des retraites) a publié une série d’études consacrées à une trentaine de régimes de retraite, exposant les « perspectives » de chaque régime aux horizons 2020, 2040 et 2060. On y trouve, enveloppées dans un jargon technocratique, quelques perles de belle taille, par exemple concernant le très avantageux* régime spécial de la SNCF (CPRPSNCF).

Le COR y rappelle en préambule que « l’équilibre » (sic) dudit régime est assuré par une subvention (3,3 milliards d’euros) versée par l’Etat, et en conclut que « le solde élargi du régime est donc, par construction, égal à zéro chaque année ». En bon français, cela signifie que le très avantageux régime spécial des cheminots*, loin d’être « structurellement équilibré » comme le prétend encore le COR, n’est pas financé.

En effet, la « subvention d’équilibre » et les pseudo-cotisations censées abonder la caisse de la CPRPSNCF participent d’un même trompe-l’œil. En réalité, les pensions versées aux anciens cheminots sont essentiellement pompées sur le budget public, en déficit chronique : autrement dit, elles creusent la dette publique et ce sont les contribuables de demain qui seront appelés à payer la facture, intérêts et capital.

Le COR perd également son crédit lorsqu’il prévoit, au terme d’un « exercice de projection » reposant sur des postulats hasardeux, que le régime spécial de la SNCF finira par « générer des excédents très significatifs » – notamment grâce à un hypothétique recul de l’âge de départ effectif des cheminots, qui est supposé évoluer de 55,1 ans en 2011 à 61 ans en 2025-2060** et… à la subvention de l’Etat !

Au bout du compte, les interventions et les rapports du Conseil d’Orientation des Retraites, qui devraient servir de base à la réflexion nationale sur une réforme de notre système de retraites, paraissent davantage dictés par le souci de correspondre à un canevas répondant à des préoccupations politiciennes, que par une analyse objective de la situation des retraites en France.

*Départ à la retraite à 50 ou 55 ans (évolution progressive à partir de 2017 jusqu’à 52 ou 57 ans en 2023). Pension égale à 75 % du salaire, calculée sur les 6 derniers mois d’activité et garantie à 100 % par l’Etat. Réversion sans condition d’âge ni de ressources. Majorations pour famille nombreuse plus intéressante que dans le privé (10 % pour 3 enfants puis 5 % par enfant supplémentaire)…

** Peut-être saisi de scrupule, le COR lui-même convient toutefois que « la projection des âges futurs de départ est particulièrement délicate à la SNCF » !


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