Les mille et une techniques pour raboter votre retraite

Autrefois taboue, la baisse des pensions est désormais à l'ordre du jour. Arme fiscale, désindexation, gel, rabot, amputation..., tout est permis.

Le vent est en train de tourner : on parle désormais ostensiblement de diminuer les pensions. Du "grignotage" discret et progressif aux coups de dents acérés, les gestionnaires des caisses et le gouvernement disposent à cette fin d'une palette de techniques très variée...

L’arme fiscale

C’est le procédé le plus hypocrite, savamment utilisé depuis plus de 20 ans : on revalorise les pensions, mais on les ampute à la source par de nouveaux prélèvements (CSG, CASA, etc.).

La désindexation

Jadis, les revalorisations de pensions étaient indexées sur l’évolution des salaires des actifs. Ensuite, elles ont été indexées sur l’inflation. Désormais, on parle de « désindexation par rapport à l’inflation ». En clair, le montant de la pension ne baisse pas, mais la revalorisation inférieure à l’inflation entraîne une diminution du pouvoir d’achat. C’est ce qui est pratiqué aujourd’hui dans le cadre des « négociations » AGIRC-ARRCO, et ce qui a été fait hier pour les pensions complémentaires de la banque (depuis 1993).

Le gel

Le gel consiste à ne pas revaloriser du tout les pensions. La baisse du pouvoir d’achat est alors encore plus importante. C’est la méthode qui a été appliquée en 2010 aux retraites complémentaires des officiers ministériels (CAVOM) : tandis que les rendements chutaient de 13 à 9 %, la revalorisation des pensions liquidées était gelée.

Le rabot
Il s’agit, chaque année, de tailler les pensions par tranches successives. C’est ce qui est arrivé aux retraites des médecins (régime complémentaire ASV), rabotées progressivement pour parvenir à une baisse globale de 10 % d’ici à 2015.

L'amputation
C'est le remède de cheval : on coupe les pensions à la hache. C'est ce qu'ont subi les clercs d'huissier (CARCO) : - 20% en 2004. C'est également le sort qui a été réservé aux biologistes, victimes d'une amputation pure et simple de 50 % de leur retraite complémentaire (régime ASV) - sans anesthésie !
Jusqu’ici, la discrétion était de mise. Aujourd’hui, la menace est à peine voilée car le tabou est tombé. Après avoir enduré les assauts fiscaux pendant 20 ans, les retraites complémentaires des salariés du privé (AGIRC-ARRCO) sont dans le collimateur : aujourd’hui la désindexation, demain le gel, puis le rabot… en attendant l’amputation !
Le tout est de faire passer la pilule par paliers, en progressant d’une technique à l’autre, depuis l’arme légère jusqu’à l’arme de destruction massive. Tout cela au nom de la solidarité, bien sûr…


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