54 milliards d'euros: le vrai gouffre des retraites

Le Conseil d’orientation des retraites (COR) certifie que les « besoins de financement » des retraites, en 2011, étaient de 14 milliards d’euros… mais, en réalité, il s’agit de plus de 50 milliards !

A lire attentivement les comptes des différents régimes de retraite, le chiffre avancé par le COR n’est pas faux. En 2011, derniers chiffres arrêtés des comptes sociaux, les déficits cumulés des régimes s’élèvent bien à 14 milliards d’euros – 14,56 milliards d’euros pour être précis.
Mais se cantonner à ces seuls déficits pour estimer les besoins de financement des régimes est vraiment réducteur et occulte une bonne part de la réalité…

En effet, cela fait belle lurette que plusieurs régimes de retraite par répartition flirtent avec la ligne rouge et que, pour ne pas qu’ils sombrent, l’Etat pompier multiplie les tours de passe-passe et autres artifices budgétaires.
Ainsi, certains régimes ne doivent leur salut uniquement au fait que l’Etat – lui-même lourdement déficitaire – les subventionne à coup de milliards. Coût total de ces subventions : 7,2 milliards d’euros (dont 3,2 milliards d’euros uniquement pour le régime de la SNCF).

Parfois aussi, l’Etat évite de subventionner directement les régimes de retraite, il recourt alors à un procédé légèrement différent : il branche carrément la tuyauterie fiscale sur les caisses de retraite. Appréciez la subtilité…
Par exemple, les taxes sur les alcools sont affectées au régime des exploitants agricoles et la taxe sur le transport de l’électricité et du gaz (CTA) sert uniquement à financer les avantages maison des retraités des industries électriques et gazières.
Enfin, un peu moins de 10 % des recettes du régime général des salariés (CNAV) est d’origine fiscale (9,4 milliards d’euros). Total des taxes affectées : 28,6 milliards d’euros.

Enfin, un ultime procédé consiste à aller puiser l’argent dans les autres branches de la Sécu. Parfois, il peut s’agir de mesures d’appoint dont les technocrates discutent sans fin de la légitimité.
Dans d’autres cas, il s’agit de véritables « siphonnages » institutionnalisés. C’est le cas, en particulier, des 3,6 milliards d’euros détournés de la branche famille vers la branche retraite.

Au bout du compte, c’est donc près de 54 milliards d’euros (14,5 + 7,2 + 28,6 + 3,6) qu’il faut trouver, coûte que coûte, pour que les caisses de retraite puissent honorer leurs prestations…
On est loin des 14 milliards !

Des sommes que l’on retrouve dans les déficits sociaux – transférés à la CADES – ou qui, par ricochet, viennent creuser un peu plus les déficits de l’Etat.


Fermer