Le temps presse pour une vraie réforme

Alors que la loi Woerth laissait prévoir une réforme systémique des retraites, le gouvernement chercherait à gagner du temps. Une reculade dangereuse.

Tout laisse craindre que la réforme systémique des retraites, à laquelle l’article 16 de la loi Woerth du 9 novembre 2010 fait référence, soit d’ores et déjà enterrée avant qu’ait été engagée la moindre réflexion.

Le rapport remis en janvier par le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) le laissait d’ailleurs prévoir : au lieu de traiter réellement le sujet et de s’interroger sur l’incroyable disparité et multiplicité des régimes, source de gaspillages et d’injustice – notamment concernant le traitement réservé aux salariés du secteur privé au regard des coûteux avantages octroyés aux régimes spéciaux, le COR s’est focalisé sur des questions mineures, voire annexes, comme l’égalité des sexes devant la retraite ou les polypensionnés, vieux « serpents de mer » qui font diversion pour éviter d’aborder les bonnes questions.

Le gouvernement voudrait utiliser ce trompe-l’œil à profit pour remettre à plus tard la vraie réforme structurelle des retraites, inévitable mais que les gouvernements successifs depuis celui d’Edouard Balladur en 1993 ont tous choisi de différer, en se contentant de demi-mesures conjoncturelles qui étaient autant de cataplasmes sur la jambe de bois vermoulue des retraites.

Résultat, les gestionnaires des retraites – Etat et organisations professionnelles – sont confrontés à un déficit qui atteindra, selon le COR, 21,3 milliards d’euros en 2017 et peut-être 24,9 milliards en 2020.

Dans ce contexte, Jean-Marc Ayrault a déclaré le 8 février dernier : « Nous savons que nous avons devant nous le problème du déficit de notre système de retraite, il faudra bien le traiter un jour. Donc le gouvernement, le moment venu, prendra toutes ses responsabilités. »

Un jour, le moment venu… Apparemment, rien ne presse. Moyennant quoi, le gel des retraites est à l’ordre du jour en attendant de les amputer ?


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