Désindexation des pensions : les efforts doivent être partagés par tous !
La situation financière des caisses de retraite exige des efforts… Mais ils ne doivent pas reposer sur les seuls retraités du privé, alors que les régimes spéciaux du public seraient maintenus !
Le slogan « le privé paiera » est décidément en vogue ! Le Medef propose de ne plus indexer sur l’inflation les pensions servies par les caisses de retraite complémentaire du privé (Agirc et Arrco). Une telle mesure, prolongée sur 5 ans, aurait évidemment des conséquences sur le niveau de vie des retraités concernés. (1)
Bercy regarde ces suggestions avec beaucoup d’intérêt et le ministre du budget, Jérôme Cahuzac, a laissé entendre que la mesure pourrait aussi s’appliquer au régime de base des salariés du privé (Cnav).
Certes, la situation périlleuse des caisses (pas seulement complémentaires…), conséquence de leur gestion calamiteuse, commande de faire des économies. Mais les retraités du privé, une fois de plus dans le collimateur, ont déjà vu leurs pensions subir une érosion sensible au cours des 15 dernières années (2). Il ne faudrait pas qu’ils soient encore une fois les seuls à faire des sacrifices, comme cela s’est trop souvent vu par le passé.
Ils ne comprendraient sûrement pas que l’Etat leur demande de se serrer une fois de plus la ceinture, tout en continuant de garantir totalement le niveau des pensions ( 75 % de la moyenne des 6 derniers mois de traitement) de ses propres agents, fonctionnaires et bénéficiaires des régimes spéciaux. C’est ce qui différencie ce qu’on appelle, dans le jargon des retraites, un régime « à prestations définies » (comme celui du secteur public) d’un régime à « cotisations définies » (celui du secteur privé). Dans le premier cas, c’est le niveau des pensions qui est garanti dans le deuxième, c’est seulement celui des cotisations qui est fixé. Cherchez l’injustice…
La vigilance s’impose donc. Les efforts ne peuvent pas être demandés toujours aux mêmes, au risque de créer deux catégories de citoyens : les payés du publics et les payants du privés, au mépris du principe d’équité entre les retraités, qui est pourtant inscrit dans la loi, au cœur même du code de la Sécurité sociale (art. L 161-17 A).
(1) Les pensions de réversion seraient aussi revues à la baisse : veufs et veuves ne percevraient plus que 56 % (au lieu de 60 %) de la retraite complémentaire de leur conjoint décédé et cela à partir de 60 ans (au lieu de 55). Il est plus rentable de dépouiller la veuve et l’orphelin que de les protéger…
(2) Cf. à ce sujet l’étude de l’actuaire Jacques Algarron, « La retraite des salariés, analyse de son évolution entre générations », publiée en décembre 2010 et actualisée en décembre 2012 par Sauvegarde Retraites. Toutes deux sont consultables en ligne sur le site de l’association, dans la rubrique Etudes & Analyses.