Un haut fonctionnaire de l’IGAS pris la langue dans le sac à bobards
Yannick Le Guillou, « inspecteur des affaires sociales en service extraordinaire », est l’un des principaux auteurs du rapport sur la CNRACL publié en septembre dernier par l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS). Il a aussi participé à l’une des tables rondes qui ont inspiré celui du député Delautrette, publié au mois de mai par l’Assemblée nationale. Ce haut fonctionnaire y écrit, avec un aplomb confinant au cynisme, que « le régime de retraite des fonctionnaires [auquel il est lui-même affilié...] est aujourd’hui moins intéressant que le régime général ! ». « C’est l’un des principaux " scoops " du rapport », ose-t-il même ajouter… Pour utiliser un autre anglicisme, nous parlerions plutôt d’une énorme « fake-news ».
Rappelons quelques-uns des avantages des régimes de la fonction publique :
- une pension calculée sur les six derniers mois de traitement (au lieu des 25 meilleures années au régime général et de l’ensemble de la carrière dans les régimes complémentaires du privé comme l’AgircArrco)
- un départ à la retraite plus tôt que dans les régimes du privé pour de très nombreux agents (les fonctionnaires appartenant à la catégorie dite « active » ont même la possibilité, s’ils le souhaitent, de partir dix ans avant l’âge légal en vigueur dans les régimes du privé)
- des majorations familiales non plafonnées
- pour les veuves et veufs, l’accès à la pension de réversion sans condition d’âge, ni de ressources.
- Et surtout, après une carrière complète, une pension équivalant à 75 % au minimum du dernier traitement, garantie par l’Etat, sans que soit pris en compte le déficit du régime. En effet, les régimes des fonctionnaires sont dits « à prestations définies », contrairement aux régimes du privé, qui fonctionnent « à cotisations définies ».
En réalité, les prétendues « pensions de retraite » servies par les régimes spéciaux des trois fonctions publiques (de l’Etat, des collectivités territoriales ou du secteur hospitalier) sont des traitements à vie déguisés. Elles ne sont pas financées par des cotisations versées par des actifs, mais payées par l’ensemble des contribuables, par le biais de subventions d’équilibre camouflées en « surcotisations ».
Pour justifier leurs privilèges, les fonctionnaires prennent régulièrement prétexte de la partie du traitement qui leur est servie sous forme de « primes » et qui, à les en croire, n’ouvriraient pas de droits à la retraite. En réalité, un grand nombre de primes sont aujourd’hui prises en compte. En outre, plusieurs dispositifs de compensation très favorables et financés aux frais des contribuables ont été créés au fil des années, comme la Préfon, le Régime additionnel de la fonction publique (Rafp) ou la prime de bonification indiciaire.
Au reste, si Yannick Le Guillou est réellement convaincu que les régimes spéciaux des fonctionnaires sont moins avantageux que les régimes des salariés du privé, qu’attend-il pour convaincre ses collègues et les syndicats de la fonction publique de rejoindre massivement les régimes des salariés du secteur privé ?
Chiche !