« Conclave » des retraites : du vent dans les ruines

Tout ça, pour ça ! Au bout de cinq mois de vains palabres, le « conclave » réuni par François Bayrou trouve la martingale : sacrifier les retraites pour sauver le système.

La Montagne du « conclave des retraites » accouche d’une souris. Ces rongeurs nuisibles font du dégât et ont tôt fait de manger vos provisions : en l’occurrence, les mesures qui ont été évoquées ou préconisées par les organisations syndicales et patronales participant au « conclave », auront, si elles sont appliquées, des conséquences douloureuses sur les tire-lires des retraités, qu’il s’agisse de la suppression de l’abattement fiscal de 10 %, de la sous-indexation des pensions par rapport à l’inflation pendant deux ans, ou de l’augmentation de la CSG appliquée aux retraités disposant de revenus moyens ou supérieurs (selon la coutume socialiste du nivellement par le bas).

Mais elles ne résoudront rien.

Le « conclave » avait prétendument été réuni pour réviser la réforme Borne, notoirement insuffisante, et tenter de trouver des solutions durables à la situation catastrophique des retraites. Cinq mois après sa création, il débouche ainsi sur des expédients auxquels il a déjà été recouru par le passé et sur lesquels les participants ne parviennent d’ailleurs même pas à s’accorder.

Comme toujours, les débats ont essentiellement tourné autour de la retraite des femmes ou de la pénibilité, thèmes récurrents des rapports du Conseil d’orientation des retraites (COR)* et de toutes les réformes paramétriques. On se garde bien de parler des vrais sujets, ceux qui fâchent, ce qui impliquerait de réaliser une véritable réforme de fond, urgente et indispensable – en commençant par modifier la gestion des régimes spéciaux du public pour en faire des régimes à cotisations définies, répondant à une logique assurantielle comme ceux du secteur privé (et non plus, comme c’est le cas aujourd’hui, des régimes à prestations définies, financés par le contribuable et dont le niveau est garanti par l’État à hauteur de 75 % du dernier salaire).

Rien, non plus, sur l’introduction souhaitable d’une part de capitalisation, pourtant de plus en plus souvent évoquée dans le débat public. Ni sur la possibilité de laisser une plus grande liberté de choix aux affiliés, malgré l’échec total de la gestion étatique des retraites, qui a conduit au fond de l’impasse. Il serait temps d’en tirer les conséquences !

Au lieu de quoi, au bout de ces cinq mois de discussions, d’arguties et de controverses stériles, syndicats, patronat et gouvernement ne s’accordent que sur leur volonté de sauver le système en sacrifiant dans ce but les retraites et les retraités. Une fois de plus !

* Il est notable que les propositions concernant l’abattement de 10 % et la hausse de la CSG aient d’abord été formulées, la première par le président du COR, Gilbert Cette, et la deuxième par le « médiateur du conclave », Jean-Jacques Marette, membre du COR. Rappelons que le Conseil d’orientation des retraites est un service de l’Etat attaché au Premier ministre.


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