Argent des syndicats : circulez, y a rien à voir !

Un rapport parlementaire devait faire la vérité sur l’argent des syndicats. Peine perdue : il a été purement et simplement enterré. 

Après plusieurs mois d’enquête et d’auditions, la commission d’enquête parlementaire sur l’argent des syndicats devait publier son rapport fin novembre 2011. C’était sans compter sur l’opposition des députés socialistes, toujours solidaires des pratiques syndicales… et sur l’UMP, qui s’est abstenue lors du vote de la publication, laissant ainsi le rapport partir directement à la poubelle !

Un rapport parlementaire censuré, c’est une première dans l’histoire de l’Assemblée nationale. Habituellement, ce type de vote est une formalité, tant il semble évident qu’un rapport parlementaire ne sert à rien s’il n’est pas public. Il a fallu que l’Assemblée s’intéresse à l’argent des syndicats pour que l’évidence devienne inverse : « Enterrez ce rapport que je ne saurais voir ! »

Fort heureusement, le Figaro Magazine, a pu se procurer les "bonnes feuilles" du rapport. Edifiant : les syndicats français sont à la fois les moins représentatifs (8 % de salariés syndiqués, principalement dans la fonction publique)… et les plus riches d’Europe grâce à la manne des subventions et à des pratiques souvent peu orthodoxes.

Car, si l’argent ne vient pas des adhérents (3 à 4 % des ressources, contre 80 % dans le reste de l’Europe !), il vient bien d’ailleurs. Essentiellement des caisses publiques : selon Le Figaro, « la collectivité fait chaque année un chèque de 4 milliards d'euros pour financer l'activité syndicale. Presque l'équivalent du budget de l'Enseignement supérieur. » Quelques mots clés illustrent le système : « mécanismes de financement structurellement opaques », « absence de prise en considération des mises à disposition de personnels et de locaux », « dérives » etc.

L’argent vient aussi de toutes les rentes de situation qui font de bien beaux fromages pour les camarades syndiqués : « Les détachements syndicaux, les décharges horaires, les subventions aux comités d'entreprise ou encore la gestion des organismes sociaux et de la formation professionnelle qui fournissent le gros des moyens. »

Bien évidemment, les caisses de retraites ne sont pas en reste dans le palmarès des rentiers du syndicalisme français : « Les organisations syndicales et patronales se partagent également, depuis plus de soixante ans, le gros gâteau du paritarisme. (…) Indemnités forfaitaires, frais de formation, prise en charge de secrétariat, voyages d'études... Les députés énumèrent les multiples avantages que procure la gestion des organismes paritaires. "Tout le monde se tient, car tout le monde en croque", résume un dirigeant d'une caisse de retraite complémentaire, la galaxie Agirc-Arrco. »

Et ce « tout le monde » qui « en croque » colonise les caisses de retraite sans contrôle des affiliés et sans élection !


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