Opéra : le rideau tombe sur des retraites spectaculaires
publié le 12-10-2011
Les annulations de spectacles se succèdent à l’Opéra de Paris, dont les techniciens se mettent en grève pour protéger des privilèges liés à un régime spécial très avantageux.
La réforme du régime spécial de retraites de l’Opéra de Paris est elle diabolique au point de justifier la suppression du Faust de Gounod ? Après la publication, au mois d’août, des décrets d’application de la réforme des retraites, les techniciens de l’Opéra se sont mis en grève à plusieurs reprises depuis le 22 septembre, amputant la programmation au Palais-Garnier comme à l’Opéra-Bastille.
Ils protestent contre le recul de deux ans de l’âge de la retraite, applicable à l’ensemble des retraites en France. Avec, cependant, une légère différence par rapport au commun des salariés : ils bénéficient d’un régime spécial qui autorisait nombre d’entre eux à partir à 55 ans. L’âge de départ ne recule donc pas, pour eux, à 62 ans, mais à 57, soit 5 ans avant le commun des mortels.
En théorie, il faut, pour bénéficier de cet avantage, exercer à l’Opéra un emploi qui cumule au moins deux inconvénients parmi les trois suivants :
- travail de nuit fréquent,
- organisation du temps de travail générant des contraintes importantes,
- port fréquent de charges lourdes.
Ces conditions existaient d’ailleurs avant la réforme (art. 6 du décret du 5 avril 1968). Mais reste à savoir ce que l’on entend par « fréquent » « important » ou « lourd »… Selon l’adage bien connu de la fonction publique « Tous les privilèges qui sont à toi sont à moi », la possibilité de partir à 57 ans avait été octroyée non seulement aux machinistes transporteurs, aux manutentionnaires, aux agents de sécurité incendie, aux techniciens lumières et aux machinistes, dont les tâches répondent peu ou prou aux conditions posées, mais encore étendues aux régisseurs, aux personnels de l’habillement, aux peintres décorateurs, aux tapissiers, sculpteurs, cordonniers, accessoiristes, etc., qui partaient eux aussi à 55 ans. La réforme remet en questions ces droits mal acquis et les usurpateurs devraient désormais partir à… 62 ans.
- travail de nuit fréquent,
- organisation du temps de travail générant des contraintes importantes,
- port fréquent de charges lourdes.
Ces conditions existaient d’ailleurs avant la réforme (art. 6 du décret du 5 avril 1968). Mais reste à savoir ce que l’on entend par « fréquent » « important » ou « lourd »… Selon l’adage bien connu de la fonction publique « Tous les privilèges qui sont à toi sont à moi », la possibilité de partir à 57 ans avait été octroyée non seulement aux machinistes transporteurs, aux manutentionnaires, aux agents de sécurité incendie, aux techniciens lumières et aux machinistes, dont les tâches répondent peu ou prou aux conditions posées, mais encore étendues aux régisseurs, aux personnels de l’habillement, aux peintres décorateurs, aux tapissiers, sculpteurs, cordonniers, accessoiristes, etc., qui partaient eux aussi à 55 ans. La réforme remet en questions ces droits mal acquis et les usurpateurs devraient désormais partir à… 62 ans.
La Caisse de retraite des personnels de l’Opéra de Paris (CROP) continue cependant de leur servir de jolis lots de consolation, par comparaison avec le régime général des salariés du privé. Qu’ils partent à 57 ou à 62 ans, les techniciens de l’Opéra de Paris :
- cotisent à 7,85 % (contre 10,55 à la CNAV)
- perçoivent à la retraite une pension calculée sur les 6 derniers mois de salaire (25 « meilleures années » à la CNAV et l’ensemble de la carrière à l’Agirc-Arrco), garantie à 100 % par l’Etat et revalorisée comme celles des fonctionnaires de l’Etat
- voient leur pension majorée de 10 % pour trois enfants et de 5 % par enfant au-delà (alors que l’Agirc-Arrco vient de réduire les majorations familiales à la portion congrue) ;
- bénéficient en cas de décès de l’assuré d’une réversion de 50 %, sans condition d’âge ni de ressources, sans plafond ni effet rabot
Ajoutons à cela que les cotisations salariales et patronales sont loin d’assurer l’équilibre du régime. En effet, ce dernier est atteint grâce à un droit spécial perçu sur le prix des billets (autrement dit une taxe levée sur les spectateurs), et surtout grâce à une subvention de l’Etat qui représente à peu près la moitié du budget de la caisse. En somme, c’est le contribuable qui est amené à payer les avantages des grévistes.
- Mots clés :
- régimes spéciaux