L'Etat veut créer un nouveau régime spécial

Le gouvernement prévoit d'offrir aux sportifs amateurs de haut niveau des trimestres gratuits pour la retraite. Un bel exemple de clientélisme !

Chantal Jouanno, ex-ministre des sports, a été remplacée le 26 septembre par David Douillet. Mais avant de quitter le gouvernement pour le Sénat, elle a laissé dans les baskets des sportifs amateurs de haut niveau un dernier cadeau de l'Etat-père Noël, qui sera inscrit dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2012 : des trimestres de retraite gratuits.

Les sportifs amateurs se verront ainsi valider, par le régime général des salariés du privé (CNAV), 4 ans (soit 16 trimestres) sans avoir jamais cotisé pour cela. L'Etat crée ainsi un nouveau régime spécial – un de plus ! – en contradiction avec l'un des objectifs affichés de la réforme 2010, qui prétendait aller vers une plus grande équité.
2 000 à 3 000 sportifs pourraient bénéficier de ce micro-régime spécial, dont le coût est évalué entre 6 et 9 millions d'euros – qui devraient théoriquement être payés par le contribuable puisqu'il est prévu que la Cnavts adressera la facture au ministère des Sports, c'est-à-dire à l'Etat. Qu'en sera-t-il en réalité ? Pour l'instant, on a souvent vu l'Etat siphonner les caisses du privé ; jamais l'inverse…
Pour justifier sa mesure, Chantal Jouanno a fait valoir que ces sportifs cotisent "très tard et souvent même uniquement à la fin de leur carrière sportive." Et pour cause, puisque par définition, un amateur n'est pas professionnel !
On pourrait aussi bien étendre le "cadeau" aux bénévoles des associations sportives sans lesquels il n'y aurait pas d'amateurs de haut niveau ; ou encore aux étudiants engagés dans des études longues, qui commencent à travailler et cotisent eux aussi tardivement… Les sportifs amateurs de haut niveau, généralement entreprenants, n'ont pas davantage besoin du "cocooning" de l'Etat-nounou qui cherche à les fonctionnariser en leur promettant une micro-retraite dans quarante ans, alors que le mécénat et le sponsoring publics et privés, encouragés fiscalement, arrosent déjà largement l'ensemble du secteur sportif ! La proposition de Chantal Jouanno n'est qu'une forme de clientélisme, dont feront finalement les frais les retraités du privé, éternels "pigeons".
Au reste, sur quels critères les bénéficiaires seront-ils sélectionnés ? Où commence le "haut niveau" pour des amateurs ? On peut craindre que le clientélisme n'ouvre finalement la voie au "copinage" !

Fermer