Pénibilité : des régimes spéciaux pour les malades du pouce et du pied !
Le piège de la pénibilité semble se refermer sur la réforme des retraites.
En apparence inflexible sur le passage de l’âge de la retraite à 62 ans, le gouvernement s’apprête à accorder une contrepartie qui pourrait bien, de facto, rendre quasi-inopérante cette disposition phare de la réforme : un taux d’invalidité de 10 % seulement, lié à l’usure au travail, pourrait suffire à obtenir une dérogation pour partir à 60 ans à taux plein, après avis d’une commission paritaire patronat-salariés-médecins du travail.
Assurément, la « boîte de pandore » serait ouverte : un peu d’hypertension, quelques problèmes musculaires, un soupçon de cholestérol, un bobo par-ci au pouce, un autre par-là au pied… De l’avis de nombreux médecins, caractériser une usure de 10 % liée à une carrière professionnelle complète pourrait concerner presque tout le monde !
Initialement, le gouvernement avait envisagé un seuil minimal d’incapacité de 20 %, estimant que cela pourrait concerner 10 000 retraités par an pour un coût de 200 M€. Avec un seuil de 10 % d’incapacité, le gouvernement rehausse les estimations : 20 à 30 000 personnes pour un coût de 550 M€.
Ces estimations au « doigt mouillé » semblent très hasardeuses. Ce qui semble moins hasardeux, c’est l’inévitable effet d’aubaine qui pourrait provoquer une demande massive de dérogations. Des dérogations que certains syndicalistes et médecins du travail membres des fameuses commissions d’évaluation pourraient se faire un plaisir d’accorder avec une grande générosité…
La balle est maintenant dans le camp du Sénat. A lui de voir s’il veut avaliser la création de « régimes spéciaux pour les malades du pouce ou du pied ». Un coup de pouce de sa part serait le bienvenu !
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