Rendez-vous 2010 : vers un recul de l'âge légal de la retraite
publié le 18-01-2010
A défaut de lancer la vraie réforme des retraites, le gouvernement entend reculer l’âge de départ à la retraite
Si les derniers « Rendez-vous » sur les retraites ont accouché d’une souris, celui programmé en 2010 pourrait bien accoucher d’un… kangourou. En clair, de quoi faire bondir les syndicats puisqu’il s’agira de relever l’âge légal de la retraite au-delà de 60 ans (le grand tabou !) mais, malheureusement, toujours pas de quoi garantir l’avenir de nos retraites et rétablir l’équité entre les régimes.
En s’apprêtant à reporter, une fois encore, la réforme de fond du système de retraite français, le gouvernement entend éviter de prendre des risques à un an du lancement de la campagne présidentielle pour 2012. En reculant, simplement, l’âge légal de la retraite - mesure déjà en vigueur dans quasiment tous les pays de l’OCDE - il gagne quelques années et peut se permettre de renvoyer le problème au-delà des échéances électorales…
Pour autant, si le gouvernement veut reculer l’âge légal de la retraite, ce n’est pas Sauvegarde Retraites qui risque d’aboyer avec les syndicats pour l’en dissuader. De ce côté là, il peut dormir tranquille. Néanmoins, avant d’imposer au Français de travailler plus longtemps (pourquoi chacun ne serait-il pas libre de choisir ?), on attend que l’Etat montre l’exemple…
En effet, pour plus d’un tiers des agents publics sous statut, l’âge de la retraite n’est pas 60 ans mais 55 ans, quand ce n’est pas 50. Fait inouï, l’Etat si prompt à prêcher « l’emploi des seniors » et « l’allongement de la durée d’activité » autorise encore près de 1,6 million de ses propres employés à liquider leurs droits dès 55 ans ou même dès 50 ans.
Estimation du nombre d’agents publics
qui peuvent partir à la retraite à 55 ans ou à 50 ans
Fonctionnaires (Etat, collectivités locales, hôpitaux) | 1 250 000 |
SNCF | 163 015 |
RATP | 37 575 |
Industries électriques et gazières | 131 410 |
Total | 1 582 000 |
Pour justifier un tel privilège, les syndicats ont l’aplomb d’invoquer la « pénibilité ». Depuis quand le travail est-il plus dur dans le secteur public que dans le secteur privé ? Qu’est-ce qui justifie qu’une infirmière travaille jusqu’à 55 ans si elle est salariée de l’hôpital public, jusqu’à 60 ans si elle est salariée d’une clinique privée et jusqu’à 65 ans si elle est infirmière libérale?
Pourquoi un cadre de la SNCF ou un informaticien de la RATP cesse-t-il son activité à 55 ans alors qu’un ouvrier au smic qui travaille à la chaîne dans une entreprise privée doit trimer jusqu’à 60 ans ? Rien, absolument rien !
Rendez-vous 2010 : l’Etat doit commencer par balayer devant sa porte.