Madoff et retraite par répartition
publié le 17-02-2009
Les montages financiers qui, dans l’affaire Madoff, s’apparentent à une escroquerie, portent le nom de solidarité dans nos régimes de retraite par répartition. Cherchez l’erreur !
L’affaire a fait grand bruit. Bernard Madoff, maître incontournable de la finance et ex-patron du Nasdac, a avoué une fraude de 50 milliards de dollars. Même Jérôme Kerviel, qui, dans ce domaine, a pourtant fait exploser les compteurs, est relégué à la table des petits joueurs…
La « martingale » de Madoff est connue : il s’agit d’une vente pyramidale fonctionnant par effet boule de neige. Autrement dit, Madoff a promis à ses souscripteurs des rendements bien au-dessus des réalités du marché et a honoré ses engagements en reversant à ses premiers clients, l’argent des nouveaux souscripteurs. Ce, évidemment, jusqu’à l’explosion inévitable de la bulle spéculative… La loi américaine ne triche pas et Madoff, âgé de 70 ans, devrait passer la fin de ses jours derrière les barreaux.
Le procédé est tellement grossier que beaucoup se grattent encore la tête pour savoir comment Madoff a pu agir en toute impunité pendant 48 ans, de 1960 à 2008 ! Excès du marché américain ? Aveuglement de la SEC ? Chacun y va de sa propre interprétation et certains ne se privent pas, au passage, de donner quelques leçons.
Pour autant, dans cette affaire, nos « élites sociales » devraient jouer profil bas. Car, sans remettre en cause le comportement délictuel de Madoff, quelle fraude a-t-il commise ? Prendre l’argent des nouveaux souscripteurs pour le reverser aux plus anciens… Cela ne vous rappelle-t-il rien ?
Lorsqu’il s’agit de nos retraites, cela s’appelle tout simplement de la « répartition ». Ce qui se présente comme une escroquerie dans l’affaire Madoff porte le nom de « solidarité » lorsqu’il s’agit de la sécurité sociale. Cherchez l’erreur !
Il est difficile de trouver des différences entre notre système de retraite et le jeu de financement pyramidal auquel s’est prêté Madoff pendant toutes ces années. Les seules que l’on pourrait évoquer jouent en la défaveur de l’escroc présumé et l’ont mené à sa perte. Madoff n’avait pas de clientèle captive et ne pouvait pas rendre la souscription obligatoire. Il ne pouvait pas, non plus, augmenter unilatéralement les cotisations et baisser les taux de rendement. Manque de chance… si Madoff avait été président d’une caisse de retraite française, il n’aurait pas eu à craindre pour sa liberté.