La France est le seul pays où les projections en matière de retraite sont « supervisées » par les syndicats

Dans un rapport intitulé « Projections à long terme des systèmes de retraite : quelques expériences étrangères » et réalisé par un Administrateur de l’INSEE, on apprend qu’en matière de projections dans le domaine des retraites, le COR présente des défaillances importantes par rapport aux organismes semblables d’autres pays.

Passé inaperçu, le rapport, réalisé justement à la demande du COR, fait un bilan des pratiques de projections dans le domaine des retraites dans huit pays. On apprend d’abord que l’organisation des projections en France est « atypique » : partout ailleurs, la réalisation des projections est centralisée dans un organisme unique qui dispose souvent d’un modèle. En France, le COR doit s’adresser aux gestionnaires de tous les régimes de retraite qui réalisent leurs propres projections. Cela comporte des risques en matière de cohérence et de transparence concernant les pensionnés et les cotisants.

De même, le rapport souligne, toujours dans une perspective comparative internationale, l’absence d’une équipe permanente au sein du COR dédiée aux projections et l’inexistence de modèle formalisé. Ce qui contribue aussi à la difficulté qu’a le COR pour expliquer les écarts d’une projection à l’autre.

Enfin, une autre « particularité » française est le fait d’associer les partenaires sociaux à la réalisation des projections et notamment – ce qui est encore plus inquiétant – à la validation des hypothèses utilisées. A l’étranger, cette pratique est pratiquement inexistante, les projections étant un travail statistique neutre confié à un organisme indépendant, souvent privé. Dans ces conditions, ce n’est pas étonnant de constater que les pays étudiés dans le rapport ont déjà réformé leurs retraites…

Les défauts des projections du COR tels qu’ils sont présentés dans ce rapport ressemblent étrangement aux problèmes de la retraite en France. Simple coïncidence ?