Retraite des fonctionnaires : le gouvernement joue l'intox

Dans son dernier communiqué, le ministre du Budget qualifie les retraites de la fonction publique de « dépenses contraintes ». Autrement dit, pas touche aux privilèges !

Surréaliste ! Alors que l’Insee a indiqué que la dette publique a littéralement explosé au premier trimestre 2008 - + 41,1 milliards d’euros (six fois le budget annuel de la Justice !) -, le ministre du Budget vient de présenter la politique budgétaire du gouvernement pour les trois prochaines années… Et, les dépenses ne baisseront pas !
Pire, certains postes dérivent irrémédiablement la palme revenant au service de retraite de la fonction publique d’Etat dont les dépenses devraient passer, en trois ans, de 33,6 milliards d’euros à 41,1 milliards (+ 22,3 % !).

Pour justifier un tel débordement, le ministre du Budget prétend que les dépenses retraite des fonctionnaires sont des « dépenses contraintes ». Autrement dit, à l’instar des intérêts de la dette, le gouvernement n’aurait pas les moyens de les maîtriser, elles s’imposeraient à lui, de fait, comme une fatalité.
Les propos du ministre sont lourds de sens… Cela sous-entend, ni plus ni moins, que dans la gestion de l’Etat il y aurait deux types de dépenses. Celles que l’on peut réduire ou amputer - comme les dépenses militaires - qui servent à elles seules, aujourd’hui, de variables budgétaires. Puis celles qui sont contraintes et qui s’imposeraient comme un fléau venu du ciel. Parmi elles, on vous le donne en mille : les sacro-saints avantages acquis de nos « très chers » fonctionnaires.
Mais il y a plus inacceptable encore !
La politique du gouvernement, en matière de retraite, signifie également qu’il y a d’un côté 25 % de privilégiés pour lesquels le montant des retraites est totalement garanti. Quelle que soit l’ampleur de la crise économique et du choc démographique, il semble écrit dans le marbre que le montant des pensions est fixé, coûte que coûte, à 75 % du traitement de fin de carrière. De l’autre côté, en revanche, il y a les travailleurs du privé dont les droits ne sont absolument pas garantis et dont le niveau des retraites, depuis 15 ans, subit une érosion irrémédiable sans oublier que par des tours de passe-passe et des jeux de tuyauterie sans nom, leurs caisses sont régulièrement siphonnées pour voler au secours de l’Etat empêtré dans ses déficits chroniques. Merci la solidarité !
Non, Monsieur le ministre, les dépenses retraite des fonctionnaires ne sont pas contraintes ! Alignez le régime de la fonction publique sur celui des salariés du privé et, grâce à la suppression des privilèges, vous récolterez plusieurs milliards d’économies. A toutes fins utiles voici quelques suggestions :
- suppression des bonifications d’annuités ou « trimestres gratuits » : 2 milliards d’ € par an
- suppression de la possibilité, pour les parents de trois enfants, de partir à la retraite au bout de 15 ans d’activité : + 850 millions d’€ par an
- suppression des majorations de pension des fonctionnaires en retraite Outre-mer : + 300 millions d’€ par an
- rehaussement de l’âge légal de départ à la retraite de 50 ou 55 ans à 60 ans pour les 800 000 fonctionnaires d’Etat classés en catégorie « active » (sic !) : + 2 milliards d’€
- hausse de la cotisation salariale de 7,85 % à 10,35 % (taux moyen du privé) : + 2 milliards d’€.
Total : 7,15 milliards d’€ par an.

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