Pénibilité : une exception à la française !

La France est le seul pays européen à mettre en avant la notion de pénibilité en matière de retraite et ce, avant tout pour des raisons politiques.

Dans la perspective de la retraite, la notion de « pénibilité au travail » est d’un maniement difficile. En France, elle a été utilisée dès 1853 pour créer les « services actifs » de l’Etat (33 % des fonctionnaires aujourd’hui). Une notion tellement floue et vidée de son sens que la Cour des Comptes en a demandé le complet réexamen en 2003… et qu’aucun pays européen n’a jugé bon de la retenir. En Suède, on l’a écartée parce qu’elle est contraire au principe de solidarité, qu’elle risque de pénaliser les femmes - dont l’espérance de vie est plus longue que celle des hommes - et que certains métiers autrefois considérés comme pénibles ne le sont plus.
Mais en France, on n’a pas de tels scrupules. Tétanisés par les fonctionnaires et bénéficiaires des régimes spéciaux qui redoutent d’être mangés à la même sauce que le privé, les concepteurs de la réforme Fillon ont sorti du chapeau la « pénibilité » qui, sur le dos des contribuables et des retraités du privé, arrange à la fois :
- Les syndicats de la fonction publique et assimilés qui s’y arc-boutent pour éviter de perdre leurs super avantages retraite …
- Les partenaires sociaux du privé, organisations patronales et syndicales, qui ne veulent pas perdre la variable d’ajustement à l'emploi des préretraites.
Résultat : alors que l’âge moyen de départ à la retraite n’a jamais été aussi bas qu’en 2007, on va créer un nouveau canal pour les retraites anticipées, en exacte contradiction avec les objectifs de la loi Fillon. Absurde !
Sauvegarde Retraites réfute absolument le recours à la notion de pénibilité pour la retraite. C’est une fausse bonne idée qui ne fait qu’aggraver le problème qu’elle est censée résoudre. La solution est une vraie réforme de fond, à mener dès 2008, et qui, entre autres, aborderait la suppression des régimes spéciaux, la remise en cause de la notion de « service actif » dans la fonction publique, l’alignement du régime de retraite des fonctionnaires sur celui du privé, ainsi que la suppression pure et simple de l’âge légal de la retraite.

Fermer