Retraite à la carte : les conditions de la liberté

Pour laisser plus de liberté aux Français, Gabriel Attal a proposé de supprimer l’âge de départ à la retraite et de se fonder uniquement sur la durée de cotisation. Mais la vraie liberté passe par une gestion par points.  

Dans un entretien donné aux Echos à la fin du mois de juin, Gabriel Attal, président du groupe Renaissance (majorité présidentielle) à l’Assemblée nationale, a proposé de supprimer l’âge légal de départ à la retraite, pour laisser chaque Français décider du moment où il souhaite arrêter son activité en fonction de critères qui lui sont propres (son état de santé, ses besoins et ses aspirations légitimes…), plutôt que de se voir imposer une règle commune et uniforme, facteur d’injustices et d’insatisfactions.

Voilà longtemps que notre association le demande. Dans une brochure publiée lors de l’élection présidentielle de 2012, Sauvegarde Retraites s’élevait déjà contre le « dirigisme technocratique » : « Pourquoi l’État doit-il impérativement décider du jour et de l’heure auxquels un individu peut prendre sa retraite ? (…) Certaines [personnes] n’ont pas été épargnées par les aléas de la vie ; éprouvées, elles sont dans la nécessité de liquider leur retraite relativement tôt. Certaines, au contraire, n’ont aucune envie de renoncer à leur activité. D’autres, enfin, envisagent une cessation d’activité progressive. Bien souvent, les aspirations et les besoins de chacun sont très différents et ne se cantonnent pas à la sempiternelle question : faut-il imposer la retraite à 60, à 62 ou même à 65 ans ? (…) Chacun doit pouvoir prendre sa retraite quand bon lui semble, sans préjudice pour l’intérêt commun. »*

Sauvegarde Retraites a renouvelé cette demande lors des élections présidentielles suivantes, en 2017 et 2022.

La proposition de Gabriel Attal va dans le bon sens, mais l’ancien Premier ministre n’en tire pas les bonnes conclusions. Il souhaite en effet supprimer l’âge légal, mais en se fondant « uniquement sur une durée de cotisation ». Soit une autre règle obligatoire, uniforme et sans souplesse.

Le bon moyen de rendre à nos concitoyens la liberté de choix du moment de leur départ à la retraite, en respectant l’équité et sans remettre en cause l’équilibre financier des régimes de retraite, consiste à abandonner les annuités au bénéfice d’une gestion par points. Elle seule est suffisamment souple pour permettre à l’affilié, une fois acquis un montant minimum de droit à la retraite, de choisir le moment de son départ en fonction du montant de pension dont il estime avoir besoin – plus ou moins important en fonction des points accumulés au cours de la carrière –, avec la possibilité de reprendre une activité s’il le souhaite. Les affiliés seront ainsi responsabilisés par l’instauration d’un lien direct entre les contributions qu’ils versent et le montant de la pension qui leur sera servie.

En omettant cette solution de bon sens, Gabriel Attal affaiblit la pertinence de sa proposition.

*Présidentielle 2012, dix engagements pour les retraites.


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