L'Allemagne encourage la capitalisation

Après la Suède, c'est l'Allemagne qui ajoute un volet capitalisation à la retraite

Après la Suède, c'est l'Allemagne qui ajoute un volet capitalisation à la retraite 4 % des cotisations seront obligatoirement investis dans des fonds de pension L'Allemagne vient de modifier le régime de retraite en vigueur, pour faire face au vieillissement de la population et au départ en masse de la génération d'après-guerre. Le gouvernement Schröder a adopté un projet de loi qui réforme totalement le système actuel et encourage la capitalisation privée. Un allongement de la durée des cotisations et une diminution du taux de pension A l'origine, le projet allemand prévoyait de réduire progressivement le montant des retraites par répartition de 70% à 64% du salaire brut. Devant la levée de boucliers des syndicats, il a été décidé que cette diminution ne serait que de trois points c'est-à-dire que le montant des pensions s'élèverait à 67% du salaire brut. Le but de la manœuvre est de stabiliser autour de 20% les cotisations retraite à la fois pour l'employé et l'employeur pour ne pas alourdir le coût du travail. Avec, en contrepartie, le développement des retraites par capitalisation.

Dès 2002, tous les salariés consacreront progressivement un pourcentage de leur salaire à la constitution d'un capital privé de retraite. Au début, ce pourcentage s'élèvera à 1 % de leur revenu brut puis augmentera peu à peu jusqu'à 4 % en 2008. Les sommes versées seront déductibles du revenu imposable. Quant aux plus faibles revenus, ils recevront une subvention de l'Etat allant jusqu'à 1524,49 € (10 000 F) par an et par personne auxquels s'ajouteront 359,78 € (2 360 F) supplémentaires par enfant. L'ensemble du dispositif devrait coûter une vingtaine de milliards de marks par an, à compter de 2008. Les fonctionnaires en sont exclus. Alors que les Français se déchiraient en débats idéologiques, le clivage retraite par répartition, retraite par capitalisation n'a pas été un sujet de discussion en Allemagne. Ce qui compte pour les Allemands, dans la discussion, c'est de savoir combien chacun aura, au final, dans sa poche.

Sans cette réforme, le vieillissement de la population allemande aurait conduit à doubler le taux de cotisation. Les Allemands, assurément pragmatiques, ont préféré trancher dans le vif plutôt que d'attendre que la situation ne se dégrade davantage. La nouveauté allemande : pour payer moins de cotisations, faites plus d'enfants Le point de départ de l'histoire est un père de famille nombreuse qui trouve injuste de payer autant que les célibataires l'assurance-dépendance destinée à financer l'aide médicale des personnes âgées. Estimant qu'il règle déjà largement sa quote-part en élevant ses 10 enfants, futurs cotisants de demain, il porte plainte devant la Cour Constitutionnelle et obtient gain de cause. Le législateur aura jusqu'à 2004 pour amender la loi et diminuer la contribution des familles. Le raisonnement des juges a été le suivant : le système ne peut fonctionner que si les assurés versent leurs cotisations et mettent au monde des futurs cotisants. Ce n'est pas le cas des célibataires, ni des couples sans enfants ; ils doivent donc payer plus. Cette décision a été qualifiée de révolutionnaire par l'Association des Familles Allemandes. Rappelons au passage que l'Allemagne a un des taux de natalité les plus bas d'Europe (1,3%). Quelle sera la portée de cette décision ? Une chose est sûre, c'est qu'elle jette le gouvernement Schröder dans l'embarras et représente une première brèche au régime de retraite par répartition. Affaire à suivre.


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