La Cnav prive près de 30 000 nouveaux retraités de leur retraite de base !
Selon la certification des comptes 2023 du régime général de Sécurité sociale, publié en mai 2024 par la Cour des comptes, une sur huit des 885 000 nouvelles retraites versées en 2023 comportait au moins une erreur financière, en général au détriment du retraité. Soit plus de 110 000 pensions ! Ce chiffre est faramineux !
Et cette situation ne date pas d’hier : non seulement ces irrégularités ne sont pas nouvelles, mais la tendance s’aggrave par rapport à l’année 2022. On ne sait pas encore ce qu’il en sera pour l’année 2024, mais une information laisse à penser que la gestion des dossiers par la CNAV ne s’est pas améliorée : entre 25 000 et 30 000 nouveaux retraités attendent depuis plusieurs mois le versement de leur pension de retraite et se trouvent privés de ressources, alors qu’ils ont fourni en temps voulu les justificatifs exigés.
Pour expliquer ses insuffisances, la CNAV fait valoir l’augmentation du nombre des dossiers à traiter, la complexité du traitement de ceux des retraités qui ont effectué leur carrière ou choisi de passer leur retraite à l’étranger, ou des personnes qui ont subi des périodes de chômage à la fin de leur vie active. Ce qui revient à dire que le régime général s’avère incapable de faire face à une situation depuis longtemps prévisible (l’augmentation du nombre des retraités) et à des situations qui n’ont rien d’exceptionnel.
Le comble c’est que la CNAV est une armée mexicaine ! Selon son dernier rapport d’activité, ce régime de base emploie 14 200 collaborateurs, ce qui est considérable, surtout à l’heure d’Internet. Par comparaison, le régime complémentaire AGIRC-ARRCO, qui a pourtant dû gérer la fusion entre ses deux composantes, cadres et non-cadres, emploie 10 000 salariés en 2023 (8 900 dans 12 institutions AGIRC-ARRCO et 1090 à la fédération) – soit près de 30 % de personnel en moins.
En réalité, le problème ne tient pas à l’importance des effectifs, mais à la gestion calamiteuse par l’État du régime général et à l’effarante complexité de ses règles de fonctionnement (en matière de demande et de calcul des pensions de retraite, de réversion, etc.) qui compromet l’efficacité du traitement des dossiers. Avant de penser à raboter une fois de plus les pensions des retraités du secteur privé en s’en prenant aux droits familiaux ou à l’abattement fiscal de 10 %, l’État doit apprendre à gérer convenablement et simplifier enfin le système pour éviter à des dizaines de milliers de retraités d’être privés de leur pension de base. Les retraités ne doivent pas faire les frais, in fine, des fautes et des insuffisances de l’Administration.