Non à la spoliation des retraités par la hausse de l’impôt !

Plutôt que de toucher au coûteux système de retraite de ses propres agents, l’État veut augmenter les impôts de la plus grande partie des retraités en supprimant l’abattement fiscal de 10 %. Une mesure profondément inique.  

Le ministre de l’Économie, Éric Lombard, et celui des Comptes publics, Amélie de Montchalin, se sont récemment déclarés favorables à la suppression de l’abattement fiscal de 10 % (plafonné à 4 321 euros pour les revenus 2023) dont bénéficient aujourd’hui les retraités. Une telle mesure, si elle est adoptée, aboutira à rogner une fois de plus les pensions des retraités pour éviter à l’Etat de réaliser la réforme urgente des régimes spéciaux de ses propres agents, dont les déficits abyssaux plombent le budget de l’Etat et, ce faisant, les comptes sociaux.
En effet, l’essentiel du déficit des retraites est dû aux régimes spéciaux, à commencer par celui de la fonction publique de l’Etat, dont le « trou » gigantesque est artificiellement comblé par les contribuables via une subvention annuelle de plus de 45 milliards d’euros. Le Premier ministre, François Bayrou, ne l’ignore pas, puisqu’il l’avait lui-même souligné lorsqu’il dirigeait le haut-commissariat au Plan. La Cour des comptes, dans l’audit-flash des retraites qu’elle a publié au mois de février, a, elle aussi, fait état de cette énorme subvention, sans vouloir la retenir dans le déficit des retraites sous le prétexte fallacieux que les systèmes du privé et du public « présentent de telles divergences qu’ils ne sont pas comparables » !
Alors que cette question primordiale du coût exorbitant des régimes spéciaux de la fonction publique n’est pas résolue, la suppression de l’abattement fiscal de 10 % serait une nouvelle spoliation massive des retraités. Faut-il rappeler que ceux-ci ont déjà été ponctionnés considérablement tout au long de leur vie professionnelle, par des prélèvements obligatoires plus lourds en France que partout ailleurs en Europe ? Cette mesure se traduira, si elle s’applique, par une hausse sensible de l’impôt sur le revenu pour tous ceux d’entre eux qui y sont assujettis (près de 15 millions de ménages). En outre, sans le bénéfice de l’abattement, une partie de ceux dont les revenus sont actuellement trop faibles pour être assujettis risquent de le devenir. Enfin, ceux qui ont pu placer un peu d’argent de côté en prévision de leurs vieux jours, malgré les importants prélèvements que l’Etat et la Sécurité sociale opéraient sur leurs revenus, seront une fois encore punis. Ce n’est sûrement pas la meilleure façon d’encourager les Français à l’épargne et à la capitalisation que le Garde des Sceaux, Gérald Darmanin, appelle de ses vœux…
Les retraités ne sont pas les « nababs » que les services de l’Etat, à commencer par le COR, se plaisent à décrire sans crainte de provoquer un conflit entre les générations. Contrairement à ce que l’on entend actuellement, l’abattement de 10 % ne leur a pas été concédé au titre de frais professionnels, mais pour compenser la perte d’une partie de leur salaire (25 % en moyenne) consécutive à leur départ en retraite. C’est pourquoi Sauvegarde Retraites somme très fermement le Premier ministre :
- de maintenir l’abattement fiscal de 10 % en faveur des retraités ;
- et de ne pas demander de nouveaux efforts à ceux du secteur privé, qui en ont déjà beaucoup consenti et dont les régimes de retraite complémentaire sont à l’équilibre, avant d’avoir supprimé les régimes spéciaux de la fonction publique, très dispendieux et lourdement déficitaires.


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