Les retraités ne doivent pas faire les frais de l’incurie de l’État !
Le nouveau ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, l’a prouvé (s’il en était besoin…) en proposant, le 21 janvier, de lever une nouvelle taxe sur les retraités, sous prétexte de financer la grande dépendance. La journée dite de « solidarité » (autrement dit, de travail au profit de l’État) déjà créée pour cette raison en 2004, de même que la cinquième branche de la sécurité sociale dédiée à « l’Autonomie » en 2021, n’ont donc pas suffi. Faut-il s’en étonner ? Il est aujourd’hui question d’ajouter une deuxième « journée de solidarité » à la première. Le travail pour l’État s’appelait jadis, moins hypocritement, la corvée, qui fut supprimée sous Louis XVI ; la Ve République l’a donc rétablie.
Or, les retraités ne sont pas corvéables, puisqu’ils ne travaillent plus (ou à la marge, pour certains d’entre eux). Faute de pouvoir les astreindre au travail obligatoire gratuit, le ministre considère donc qu’ils peuvent et doivent payer. Rien de bien neuf, les projets en ce sens se sont succédé au cours des derniers mois. Ont notamment été envisagés :
- le report de la date de revalorisation des pensions, ou leur gel ;
- la suppression de l’abattement fiscal de 10 %, préconisé en janvier dernier par le patron du Conseil d’Orientation des Retraites, Gilbert Cette ;
- ou encore, l’abaissement du plafonnement de cet abattement – ce qui, dans un cas comme dans l’autre, aurait pour effet d’augmenter l’impôt sur le revenu des retraités.
Astrid Panosyan-Bouvet en revient à une autre vieille recette qui a fait ses preuves pour faire casquer les retraités et que l’Administration ressort des cartons dès qu’elle cherche de l’argent pour éviter de devoir se réformer : à savoir, l’augmentation du taux de CSG.
Heureusement, le ministre se heurte déjà à de fortes résistances – à commencer par celle de Sauvegarde Retraites, qui s’oppose résolument à cette nouvelle spoliation. Il est inique de vouloir amputer les pensions des retraités, alors que l’État n’a toujours pas réalisé la réforme structurelle des retraites qui s’impose et continue à gérer en dépit du bon sens (ou plus exactement, à ne pas gérer du tout) ses propres régimes spéciaux, qui ressemblent aux écuries d’Augias. Qu’il commence donc par les nettoyer, avant de prétendre tondre la laine sur le dos des retraités du privé !