Audit indépendant des retraites : la Présidente de l’Assemblée nationale répond à la pétition de Sauvegarde Retraite
La chute du gouvernement de Michel Barnier, provoquée par un différend avec l’opposition concernant l’indexation des pensions, montre une fois de plus l’importance majeure qu’occupent dans le débat budgétaire les retraites, qui représentent un poste très important de dépenses. Pourtant, l’Etat s’ingénie depuis des années à en sous-estimer le déficit réel pour cacher sa cause principale : l’énorme impact financier des avantages retraite de la fonction publique.
Or, si l’on veut réaliser la réforme de fond qu’exige la situation catastrophique des finances publiques, il est indispensable d’informer les Français de la situation exacte des systèmes de retraite, à commencer par ceux des fonctionnaires. À cette fin, Sauvegarde Retraites a organisé une double campagne de pétitions adressée à la présidente de l’Assemblée nationale, Mme Yaël Braun-Pivet, et au président du Sénat, M. Gérard Larcher, demandant qu’un audit financier de l’ensemble des comptes publics obligatoires soit confié à un organisme indépendant. Grâce à la mobilisation des membres de notre association, cette campagne porte du fruit, comme le montre la réponse adressée le 5 décembre par Mme Braun-Pivet à Marie-Laure Dufrêche.
Dans ce courrier, la Présidente de l’Assemblée nationale déclare avoir « pris connaissance avec attention » de la demande de Sauvegarde Retraite, mais précise qu’il ne lui appartient pas, en tant que Présidente de l’Assemblée nationale, de se prononcer sur l’opportunité de confier un audit financier de l’ensemble des comptes de retraite à une autre instance que le Conseil d’Orientation des retraites (COR), « qui serait elle aussi indépendante », écrit-elle. Elle feint en effet de considérer le COR comme une « instance indépendante et pluraliste ». Or, cette institution est un service attaché au Premier ministre qui fait partie du Réseau France Stratégie, coordonnée par le Commissariat général à la stratégie et à la prospective : autrement dit, en fait d’indépendance, il s’agit d’un simple organe de l’État qui diffuse la propagande de l’Administration et des gouvernements successifs en minorant depuis des années le déficit des retraites, qu’il estime à 5,8 milliards d’euros.
Ce bobard est aujourd’hui dénoncé par de bons connaisseurs des finances publiques, dont l’ancien Inspecteur général des finances Jean-Pascal Beaufret et le professeur Rémi Pellet, spécialiste du droit financier public et membre du Conseil des prélèvements obligatoires, ainsi que par des responsables politiques comme le haut-commissaire au Plan François Bayrou et l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve. Le déficit réel avoisine 70 milliards d’euros, dont l’essentiel est engendré par les régimes spéciaux de retraite du secteur public, à commencer par ceux des fonctionnaires – qui sont, de loi, les plus importants de tous.
Toutefois, Mme Braun-Pivet ne ferme pas la porte à l’idée d’un audit financier de l’ensemble des comptes de retraite par une instance réellement indépendante. Elle renvoie, dans sa réponse, aux propositions de résolution successivement déposées en ce sens, avec l’appui actif de Sauvegarde Retraites, par les députés Patrick Hetzel, au mois de mai dernier, puis Éliane Kremer, le 29 novembre (M. Hetzel ayant été appelé au gouvernement), en invitant Sauvegarde Retraite à se « rapprocher des auteurs de cette proposition de résolution pour connaître leurs intentions concernant la mise à l’ordre du jour de ce texte » à l'Assemblée nationale, afin que les députés puissent l’examiner.
Grâce à l’effort des membres de notre association, la nécessité d’un tel audit chemine ainsi dans les esprits, en prélude à une véritable réforme de fond des systèmes de retraite.