Ponzi des retraites : une gigantesque escroquerie

La gestion des retraites en France repose sur un système de Ponzi, un type d’arnaque dont les effets sont aggravés par le vieillissement de la population.  

On appelle « système de Ponzi » un mode d’escroquerie bien connu, consistant à rémunérer les investissements d’anciens clients par les fonds procurés par les nouveaux, jusqu’à ce que le système finisse par s’écrouler, les nouveaux apports ne parvenant plus à financer les précédents. Ce type d’arnaque a été spectaculairement illustré en 2008 aux Etats-Unis, par l’affaire Madoff. Il pourrait l’être demain sur une échelle beaucoup plus vaste par les retraites à la française, qui reposent sur un double Ponzi, économique et démographique.
Depuis le régime de Vichy, les retraites en France sont organisées, du moins pour le secteur privé, sur le principe de la répartition : les cotisations des actifs financent les pensions des retraités. Ce système fonctionne tant bien que mal tant que les cotisants sont beaucoup plus nombreux que les pensionnés, ce qui était le cas dans les années 1960 : on dénombrait alors quatre actifs pour un retraité et l’espérance de vie à 60 ans était de dix-huit ans. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Dans un entretien donné le 2 novembre au Figaro, Sylvain Rabuel, président de DomusVi (chaîne d’Ehpad privés et de maisons de retraites) a rappelé que « dans dix ans, la France comptera plus de personnes âgées que de jeunes : 18 millions de plus de 65 ans (12 millions aujourd’hui) et 12 millions de moins de 25 ans. Parmi elles, 2,5 millions seront en situation de dépendance, soit 800.000 de plus qu’aujourd’hui. » Ce vieillissement, ajoute-t-il, entraînera « un bouleversement social, économique et anthropologique », qui aura sur les retraites des répercussions d’autant plus lourdes qu’à cette « dette démographique » s’ajoute une dette publique considérable. Le déficit des retraites, systématiquement minoré par les autorités publiques, mais qui s’élève à près de 70 milliards d’euros par an, contribue à la creuser.
Avec l’allongement de l’espérance de vie se pose le problème crucial de la grande dépendance, que l’Etat a voulu financer en créant une cinquième branche de la sécurité sociale – que les actifs sont aussi appelés à financer.
Plus de retraités, moins de nouveaux actifs et un déficit à la fois aggravé et masqué par une dette colossale qui pèsera sur les générations futures : nous sommes bien dans un système de Ponzi géant, une énorme arnaque dont l’ensemble des Français, actifs et retraités, feront les frais si une réforme de fond n’est pas réalisée d’urgence. À défaut, les actifs du secteur privé cotiseront bientôt à perte, le rendement des régimes de retraite continuant de baisser comme c’est le cas depuis plus de trente ans.
Quant aux retraités, ils sont d’ores et déjà mis à contribution, comme le manifeste le report de six mois de la revalorisation des pensions de base décidé par le gouvernement.
Nous sommes entrés en effet dans le dernier stade du schéma de Ponzi, celui où l’escroquerie est dévoilée dans toute son ampleur et où vient l’heure des comptes. L’unique solution pour éviter un désastre passe par la réforme de fond que Sauvegarde Retraites n’a de cesse de réclamer depuis sa création, voilà 25 ans.


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