Retraites : votre argent les intéresse…
Il arrive que les syndicats posent les bonnes questions. Ainsi ont-ils demandé au gouvernement de préciser si la nouvelle réforme « paramétrique » des retraites annoncée est vraiment destinée à réduire le déficit des retraites, ou servira à financer la branche Santé de la Sécurité sociale.
Sauvegarde Retraites s’en était inquiétée dès le mois de juin dernier (1), après une déclaration d’Olivia Grégoire, alors porte-parole du gouvernement. Celle-ci avait expliqué que la réforme des retraites visait à « dégager des marges de manœuvre pour financer le progrès social dans notre pays et un meilleur accompagnement de nos concitoyens », et que son objectif « dépasse le seul sujet des retraites, il y a derrière la volonté de ce gouvernement de financer les réformes à venir du prochain quinquennat (...), parmi lesquels la réforme de la dépendance, mais plus largement la réforme de la santé, et d'autres à venir… » Autrement dit, les économies réalisées à partir des cotisations versées par les actifs, appelés à cesser de travailler plus tard – et donc à cotiser plus longtemps – ne serviraient pas à réduire le déficit abyssal des retraites, mais seraient jetées dans d’autres gouffres financiers, qui ne sont même pas tous explicités !
Il s’agit d’un nouvel épisode de l’appropriation illégitime de l’argent des retraites du secteur privé par l’Administration publique. En effet, ce hold-up avoué et prémédité s’inscrit dans la ligne de la politique déployée de longue date par l’Etat, qui n’a eu de cesse d’accroître sa prise de contrôle sur l’ensemble des caisses de retraite depuis un demi-siècle. Rappelons que le projet de réforme piloté par Jean-Paul Delevoye, et abandonné à la faveur de l’épidémie de Covid, organisait déjà cette mainmise qui aurait permis au passage de pomper les réserves des régimes du privé. De même, la confiscation par l’URSSAF du recouvrement des cotisations aux caisses complémentaires des salariés du privé, AGIRC-ARRCO, qui doit entrer en vigueur à partir de janvier 2023, procède de la même perversion du réel : l’Etat feint de se considérer comme le propriétaire naturel de ces ressources, comme il prétend l’être, au fond, de toute la richesse des Français. Il se présente d’ailleurs comme tel à ses créanciers, pour creuser encore et toujours la dette publique inhérente à sa gestion calamiteuse.
Il appartient aux affiliés aux caisses du privé, actifs et retraités, de s’opposer à ce nouveau fric-frac perpétré à leurs dépens par l’Administration, en rappelant énergiquement à l’Etat et au gouvernement que cet argent n’est pas à eux et qu’ils ne sont pas libres d’en disposer à leur guise, pour faire n’importe quoi. La réforme des retraites ne doit servir qu’à financer les retraites, à l’exclusion de tout autre usage !