Décryptage des propos présidentiels sur la réforme

Lors de son allocution du 12 juillet, Emmanuel Macron a consacré quelques phrases à la réforme des retraites, présentée naguère comme la grande ambition de son quinquennat. Les nouvelles précisions apportées sur son contenu et son calendrier ne sont pas convaincantes.

  • Le calendrier, d’abord. La réforme sera engagée, explique le Président, « dès que les conditions sanitaires seront réunies » et, au contraire, ne sera pas lancée « tant que l’épidémie ne sera pas sous contrôle et la reprise bien assurée. » Autrement dit, elle est remise aux calendes grecques (en supposant, d’ailleurs, qu’Emmanuel Macron soit réélu).
  • Le contenu, ensuite : « les régimes spéciaux devront être supprimés pour les nouveaux employés dans ces secteurs. » C’est ce que prévoyait déjà le projet voté au mois de mars 2020. Cela signifie que le Président n’envisage pas la suppression des régimes spéciaux du secteur public, mais seulement leur extinction. C’était déjà ce que prévoyait la loi votée en première lecture par l’Assemblée nationale sous le gouvernement d’Edouard Philippe, avec la fameuse « clause du grand-père » : les régimes spéciaux ne s’appliqueraient plus aux agents publics embauchés à partir de 2025, mais tous ceux embauchés auparavant continueraient d’en bénéficier. Encore les " concertations " organisées par le gouvernement avec les syndicats avaient-elles prévu de nombreuses compensations.

En outre, Emmanuel Macron n’a pas précisé ce qu’il entendait par « régimes spéciaux ». S’agit-il seulement de ceux des entreprises publiques ? Dans ce cas, les régimes spéciaux des trois fonctions publiques, et en particulier celui de la fonction publique d’Etat, qui a servi de modèle à tous les autres, seraient épargnés.

  • Enfin, le Président de la République a déclaré que « l’âge de départ doit être plus tardif ». Comme Sauvegarde Retraites l’a démontré, un recul à 64 ans permettra de gagner du temps en allégeant le déficit, mais cette mesure paramétrique ne résoudra pas les difficultés à long terme. Par ailleurs, ce recul sera ressenti comme une injustice si certains Français (en particulier ceux affiliés aux régimes du privé) sont les seuls à en faire les frais. L’équité commande de supprimer d’abord les avantages de départ propres aux régimes spéciaux.

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