Le cynisme du « tout répartition » dévoilé par le Covid 19

Les conséquences de la crise du Covid 19 sur le système de retraites aggravent encore son endettement, illustrant l’imposture du principe de « solidarité intergénérationnelle » qui sert d’alibi au « tout répartition ».

La fermeture de secteurs entiers de l’économie nationale, consécutive aux premières mesures de confinement décidées dans le cadre de l’épidémie de Covid 19, du 17 mars au 10 mai 2020, a produit, par ricochet, des conséquences dommageables sur le système de retraite. Elles ont sans aucun doute été aggravées par les deux autres confinements décrétés depuis.

À la suite du premier confinement, selon des estimations publiées le 15 octobre 2020 par le Conseil d’orientation des retraites (COR), les ressources des régimes de retraite du privé, assurées par les rentrées de cotisations, avaient diminué de 5,4 % par rapport à 2019, sous l’effet de la baisse sensible de la masse salariale du secteur privé (- 8,4 %). Les dépenses du système de retraite, en revanche, avaient continué à augmenter en 2020 (d’un peu plus de 6 MM d'€ selon le COR), la surmortalité des retraités provoquée par le Covid 19 restant faible (+ 0,14 %).

Et encore, le COR ne précise-t-il pas qu’une partie des quelque 170 MM d'€ de dette créés par l’Etat pour différer les effets de la crise sanitaire sur l’économie a été injectée dans le système de retraite…

Pour résumer, les ressources diminuent et les dépenses augmentent, avec des conséquences désastreuses sur le déficit des régimes de retraite du privé. Ainsi, l’Agirc-Arrco accuse-t-elle un solde négatif de - 6 MM d'€ (réduit à - 4,8 MM grâce au produit de ses réserves capitalisées), et elle a dû puiser 4 MM d'€ dans ses réserves, désormais réduites à 61 MM, contre 65 en 2019.

Certes, le système de retraite n’a pas attendu l’épidémie de Covid pour être déficitaire. Emmanuel Macron et Jean-Paul Delevoye, alors haut-commissaire chargé de préparer la réforme structurelle pour l’instant abandonnée, dissimulaient la vérité aux Français en affirmant, au début de l’année 2019, qu’il était « presque à l’équilibre ». Quelques mois plus tard, le COR avait annoncé qu’en réalité, le déficit atteindrait 12 MM d'€ en 2022, puis 17 MM d'€ en 2025 (chiffres d’ailleurs très sous-évalués)… Mais la crise aggrave encore le déséquilibre. Dans son rapport annuel, publié le 26 novembre 2020, le COR prévoit finalement un solde négatif de 23,5 MM dès 2020 – et pour 2021, le troisième confinement n’arrangera rien.

Autrement dit, on s’endette pour payer les pensions. Et cet endettement est une bombe à retardement.

Tel est le résultat du « tout répartition » à la française qu’Emmanuel Macron et son gouvernement ont choisi de maintenir à toute force dans leur projet de réforme, l’ancien premier ministre Edouard Philippe affectant même d’assimiler la capitalisation au règne de « l’argent-roi » et « du chacun pour soi et du tant-pis pour les autres » ! En répartition, les retraites ne sont pas provisionnées, les pensions sont financées directement par les cotisations prélevées sur les actifs, dont les retraites seront à leur tour honorées par les générations montantes.

Ce report de dépense, déguisé sous l’appellation de « solidarité intergénérationnelle », aboutit à reporter indéfiniment les dettes sur les jeunes générations, qui devront en outre supporter le poids des engagements de l’Etat (autrement dit, les engagements-retraite », dette implicite évaluée par le COR à 9 804 MM d'€ à la fin 2015), celui de la dette publique (2 674 MM d'€ au troisième trimestre 2020), et le coût de la grande dépendance des aînés (avec la création d’une cinquième branche de la Sécurité sociale financée par de nouveaux prélèvements obligatoires). Le tout, dans un contexte démographique défavorable…

Voilà une forme de « solidarité » pour le moins irresponsable et bien loin d’être généreuse !


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