Retraites de la Sécu : des fraudes à gogo !

Charles Prats, vice-président au tribunal de Paris, grand spécialiste de la lutte contre la fraude sociale, a publié un livre explosif sur cette question sensible : Cartel des fraudes (éd. Ring, 2020).

Dans cet ouvrage, notre magistrat a passé au peigne fin et expliqué par le menu les multiples facettes des fraudes massives à la Sécurité sociale. Le constat est accablant et ne manque pas de tordre le cou aux communiqués officiels de l’administration sur ce sujet qui, ces derniers temps, pouvaient se résumer en ces termes : « Y a pas plus de fraudes qu’ailleurs. Circulez, y a rien à voir ! ».

En outre, l’idée avait également prospéré selon laquelle, parmi toutes les branches de la Sécurité sociale, celle de la retraite était la moins fraudée. Or, là aussi, rien n’est moins sûr… Charles Prats recense au moins trois types de fraude, toutes aussi inquiétantes les unes que les autres :

  • 1. Fraude pour l’obtention d’un numéro de sécurité sociale (NIR)

Le taux de fraude documentaire pour obtenir un numéro de sécu chez les personnes nées à l’étranger bénéficiant de prestations retraite est estimé à 10 %. Cela signifierait, ni plus ni moins, que la Sécurité sociale verserait 400 000 retraites indument. C’est considérable !

  • 2. Fraude à la résidence

Pour toucher le minimum retraite (ASPA) ou l’allocation supplémentaire d’invalidité (ASI), des personnes se font domicilier fiscalement en France, alors qu’elles n’y résident pas. Elles n’ont rien à perdre dans la mesure où leurs revenus en France sont inférieurs au seuil d’imposition. Elles ne sont donc pas assujetties à l’impôt sur le revenu. En revanche, l’avis d’imposition – ou plutôt, de non-imposition – est un précieux sésame pour toucher les prestations sociales…

  • 3. Fraude au décès

Les trois doyens de la Sécu ont… 128 ans ! Plus que Jeanne Calment, fait remarquer l’auteur… Leur carte vitale étant « active », il y a fort à parier que ces fantômes perçoivent également une retraite, du moins leurs ayants-droits qui n’ont pas déclaré leur décès pour continuer de percevoir la pension… Mieux, le seul régime des militaires compte 41 665 cartes vitales actives attribuées à des personnes nées avant 1920. Un comble lorsque l’on sait que l’INSEE ne recense « que » 21 000 centenaires en France. Enfin, le scandale des retraites frauduleuses versées à des retraités décédés atteint encore des sommets dans certains pays comme l’Algérie.

À l’heure où la crise économique frappe de plein fouet notre pays, ces pillages en règle sont insupportables. Jamais les cotisations retraite (et les prélèvements obligatoires dans leur ensemble) n’ont été aussi élevées et les déficits des caisses explosent littéralement, hypothéquant gravement le versement à venir des pensions. Notre association entend alors mobiliser tous ses moyens pour lutter contre ces fraudes.


Fermer