Le jeu de dupes de la réforme « universelle »

Tout montre que la pseudo-réforme universelle que mijote le gouvernement sera une fois de plus réalisée aux dépens des régimes du privé.

Deux ans d’artifices et d’effets de manche, deux ans d’annonces, de communication, de pseudo-concertations, de colloques et de parlotte, pour en arriver à cela : une réforme enlisée, des "préconisations" qui n’engagent personne, un recul – parfaitement prévisible – du Premier ministre sur les régimes spéciaux dont les bénéficiaires font pourtant déjà grève, mais aussi la descente dans la rue massive des avocats et des professions libérales... Bref, une cacophonie gigantesque à l’échelle du pays tout entier.

En définitive, le projet de réforme prétendument "universelle" des retraites conduit au résultat que redoutait Sauvegarde Retraites et contre lequel notre association a mis en garde les retraités depuis longtemps : à savoir, l’instauration d’un système de retraites à deux pôles, l’un public et l’autre privé – ce qui répond à un dessein prévu depuis longtemps par les fonctionnaires de l’administration centrale.

  • Côté « public », les régimes spéciaux ne seraient pas touchés, comme l’a déclaré Edouard Philippe le 12 septembre.
  • Côté « privé », les régimes du privé, y compris ceux des complémentaires qui échappaient encore, peu (pour l’Agirc -Arrco) ou prou (pour les régimes des professions libérales) à la tutelle de l’Etat, fusionneraient au sein d’un ensemble étatisé et centralisé. Or, l’expérience montre que l’Etat est un piètre gestionnaire.

Les régimes complémentaires seraient appelés à se fondre au sein de ce magma étatisé. Ce serait la fin de l’autonomie des régimes des professions libérales et des avocats, désormais soumis à la même servitude que les régimes complémentaires des salariés du privé (Agirc et Arrco). Leurs affiliés cotiseraient davantage et percevraient une retraite moins élevée (pour les avocats, le taux passerait de 14 % à 28 % et la pension baisserait de 30 %). En outre, l’Etat ferait main basse sur les réserves, constituées grâce à une gestion saine.

Par ailleurs, l’intérêt du régime à points - qui laisse aux affiliés une certaine liberté de choix concernant le moment de leur départ à la retraite - pourrait être remis en cause par le maintien probable d’une durée de cotisation, solution à laquelle Emmanuel Macron s’est déclaré favorable.

Au bout du compte et de la manœuvre, la réforme dite « systémique », qui prétendait établir l’équité des Français devant la retraite, risque donc d’aboutir au maintien des privilèges des régimes du public aux dépens de ceux du privé, qui seront une fois de plus contraints de financer les avantages des premiers.

Mais les pigeons de ce nouveau tour de bonneteau gouvernemental ne sont pas dupes, comme en témoigne l’ampleur de la manifestation des professions libérales et des avocats, le 16 septembre.

Sauvegarde Retraites appelle ses membres et l’ensemble des affiliés aux régimes du secteur privé à se mobiliser aussi pour faire échec à cette entourloupe.


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