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Les retraités veulent une vraie réforme, pas des promesses bidons !

Emmanuel Macron souhaite se réconcilier avec les retraités, très nombreux à avoir voté pour lui. Ils ne se laisseront pas duper par les manœuvres du gouvernement.

Premier épisode : après l’annonce par Christophe Castaner, ministre des relations avec le Parlement, d’une prochaine réforme sur les droits de succession que précéderait un débat « sans tabou », Emmanuel Macron lui-même contredit son ministre en ordonnant : « Arrêtez d’emmerder les retraités ! » Il serait bien temps ! Mais la ficelle est un peu grosse. De deux choses l’une, en effet : soit Christophe Castaner a sorti de son chapeau et annoncé de son propre chef une réforme qui n’avait été envisagée par personne, ce qui révèlerait une dangereuse anarchie au sein du gouvernement soit la question avait été préalablement abordée avec le chef du gouvernement, Edouard Philippe, et peut-être même en conseil des ministres – et, en ce cas, Emmanuel Macron en était informé. Mais alors, pourquoi ne s’y est-il pas opposé ?

Il existe pourtant une troisième possibilité, celle d’une manœuvre politique consistant à annoncer la réforme, un peu comme un « ballon d’essai », pour permettre au président de la République de se poser en protecteur des retraités. Le "pyromane" Castaner aurait ainsi allumé l’incendie pour donner l’occasion de l’éteindre au pompier Macron, prenant une posture de sauveur. Cette hypothèse reviendrait, de la part du Président de la République, à prendre les retraités pour des benêts…

Deuxième épisode : le gouvernement fait savoir que 100 000 ménages de retraités bénéficieront en 2019 d’une baisse de la CSG – ou plus exactement, d’un retour sur la hausse subie en 2018, qui ne sera pas compensée. Explication : cette augmentation – très impopulaire – de la CSG a frappé les foyers fiscaux dont le revenu fiscal de référence (RFR) en 2017 était égal ou supérieur à un plafond de 14 404 € pour une personne seule ou 22 096 € pour un couple. « Dans un couple avec une petite retraite et une retraite largement au-dessus du seuil, l’addition des deux retraites fait que vous passez au-dessus du seuil du revenu fiscal de référence pour un couple », a observé le premier ministre Edouard Philippe. C’est aussi le cas de ceux, nombreux, qui perçoivent deux pensions inférieures à 14 404 €, mais dont la somme excède les 22 096 € fatidiques.

Troisième épisode : Edouard Philippe, annonce qu’en définitive, entre 300 000 et 350 000 « foyers fiscaux » (retraités vivant seuls ou en couple) , sur les 7,5 millions frappés par la hausse en 2018, profiteront de cette mesure en 2019. Cette fois, l’explication est plus laborieuse : « Il faudra être passé pendant deux ans en continu au-dessus du seuil arrêté l'année passée pour être frappé par cette augmentation de la CSG ». Autrement dit, la hausse de la CSG sera supprimée en 2019 pour les ménages de retraités dont le RFR, en raison de variations de revenus, aura été inférieur au plafond l’une des deux années 2017 ou 2018.

Les retraités - qui ont voté à plus de 70% pour Emmanuel Macron au second tour de l'élection présidentielle - ne se contenteront pas d'effets d'annonces et de demi-mesures consistant en rétropédalages sur des ponctions pas encore opérées (dans le cas des droits de successions), ou sur des prélèvements abusifs (dans celui de la hausse de la CSG, effective en 2018). Ils attendent la vraie réforme systémique promise par Emmanuel Macron lors de sa campagne électorale. Or, cette réforme tarde à venir, puisque le Haut-commissaire chargé des retraites, Jean-Paul Delevoye, a d’ores et déjà fait savoir qu’elle ne serait pas appliquée avant la fin du quinquennat et son contenu est plus qu’incertain, à en juger par les propositions avancées par le même Jean-Paul Delevoye dans le cadre de la « concertation » qui doit la préparer.

Que le président de la République et le gouvernement le sachent : les retraités du privé ont trop souvent été trompés pour se laisser encore berner par de simples effets d’annonce.

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