Pour les députés, les efforts sont bons pour les autres !

Certains élus demandent aux affiliés du privé de se serrer la ceinture. Mais eux-mêmes restent au régime spécial…

Ce n’est pas encore Noël ; certains parlementaires demandent donc aux retraités de faire « un effort ».

C’est notamment le cas d’Aurore Berger, député LREM des Yvelines, qui a déclaré sans rire, le 28 août sur le plateau de l’émission Ecorama (site Internet) : « Parfois les Français sont schizophréniques (sic). On ne peut pas à la fois nous dire que rétablir les comptes publics c'est essentiel et dans le même temps, quand on demande de faire des efforts, ne pas l'assumer. Je suis très étonnée du débat autour des retraites, j'ai parfois l'impression que les Français ont oublié le modèle des retraites qui est le nôtre. Vous et moi, nous payons pour celles et ceux qui sont à la retraite. On ne paye pas pour nos propres retraites (...) On peut légitimement demander un effort... » Et dans Le Parisien du 30 août, son distingué collègue Éric Alauzet, député LREM du Doubs, a lui aussi demandé « aux retraités les plus aisés de faire un effort ».

Comment ne pas entendre ces vibrants appels à la solidarité et au civisme, venant de députés qui ont donné l’exemple en réformant à grand bruit leur régime spécial de retraite, désormais aligné vers le régime non moins spécial de la Fonction publique ? Il est bien entendu, en effet, que l’effort en question ne sera supporté que par les salariés du privé : dans les régimes spéciaux du secteur public, les hausses de cotisations qui figurent sur la feuille de paie ne se traduisent jamais par une baisse du traitement net. Et le montant des pensions des retraités, calculées sur la base de 75 à 80 % du salaire des six derniers mois, sont garanties par l’État et financées par les contribuables.

Pourquoi les députés n’ont-ils pas, plutôt, rejoint le régime général ?

Comme le dit l’Evangéliste, « ils lient des fardeaux pesants, et les mettent sur les épaules des hommes, mais ils ne veulent pas les remuer du doigt. » Nous comprenons très bien que nos braves élus, à l’instar d’Aurore Berger et d’ Éric Alauzet, demandent aux affiliés du secteur privé, qui ont subi l’essentiel des efforts accomplis depuis 25 ans, de continuer à en faire. Mais ils seraient mieux entendus s’ils commençaient par donner l’exemple, en rejoignant le régime général.


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