Alerte sur les retraites complémentaires du privé !
À en croire une information publiée le 8 novembre dans le quotidien Le Parisien, l’accord signé le 30 octobre 2015 par les "partenaires sociaux" (ou faut-il parler de complices sociaux ?) qui gèrent l’AGIRC et l’ARRCO, permettrait de baisser le niveau des pensions déjà liquidées (c’est-à-dire calculées après la cessation d’activité de l’affilié).
Depuis des années, ces régimes de retraite complémentaire du privé utilisent deux « recettes » pour remédier aux déficits :
- l’augmentation du taux de cotisation (surtout au cours des années 1990)
- et celle de la valeur d’achat du point : pour la même somme cotisée, l’affilié obtenait moins de points, donc un moindre rendement.
Mais à toujours tirer sur les mêmes ficelles, elles risquent de casser. Et il serait difficile de continuer à diminuer les rendements indéfiniment, jusqu’à ce que les affiliés finissent par cotiser à perte.
Reste une troisième ficelle, inemployée jusqu’à présent : la baisse du montant des retraites déjà liquidées. Certes, les pensions sont rognées depuis des années par différents moyens (la création de la CASA, la suppression de la demi-part des veuves, le plafonnement et la fiscalisation des majorations familiales, bientôt l’augmentation de la CSG, entre autres…), mais il s’agit essentiellement de « coups de rabot » fiscaux. Si douloureux soient-ils, le principe de « l’intangibilité des pensions liquidées » a prévalu jusqu’à présent et n’avait encore jamais été mis en cause. C’est la mesure ultime, la plus brutale !
Or, c’est à cette possibilité que l’accord AGIRC ARRCO du 30 octobre 2015, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2019, ouvre la voie, comme l’atteste un document de travail remis sans aucune publicité aux partenaires sociaux, mais que le Parisien a pu consulter : dans le cadre de la fusion de ces régimes de retraite complémentaire, un nouveau système de pilotage « quasi-automatique » viendrait « moduler » la valeur de service du point qui sert à déterminer le montant des retraites – traduisez : baisser les pensions.
En outre, « une étude confidentielle réalisée par les services techniques » prévoit que cette baisse du niveau des pensions déjà liquidées pourrait atteindre 9 % en quinze ans ! Les actuels cotisants – futurs retraités – ne seraient pas non plus épargnés, puisque le rendement chuterait de 20 % sur la même période, passant entre 2018 et 2033, de 7,25 € à 5,77 € de pension pour 100 € cotisés par an.
Puisque l’accord du 30 octobre 2015 n’envisage plus de recourir à des hausses de cotisations pour équilibrer le budget de ces régimes de retraite complémentaire, les pensions liquidées deviendront ipso facto le levier désigné pour remédier au déficit. À l’AGIRC ARRCO, on précise qu’une telle baisse ne serait appliquée qu’en cas de crise financière majeure…
Reste à savoir ce que l’on appelle une « crise financière majeure ». Les projections du Conseil d’Orentation des Retraites (COR) prévoient un déficit cumulé des caisses AGIRC ARRCO de quelque 2 milliards d’euros en 2020 !
Les retraités du privé – et eux seuls – paient ainsi au prix fort plus de 20 ans d’errements dans les réformes. À force de différer la réforme structurelle du système de retraite, la dégradation constante de la situation financière des caisses finit par rendre insoutenable, un jour ou l’autre, le maintien du niveau des pensions.