Décence et exemplarité, demandées par lettre personnelle aux 925 parlementaires

Madame la Députée, Monsieur le Député,

Madame la Sénatrice, Monsieur le Sénateur, 

Pendant 43 ans j’ai cotisé au régime général de la sécurité sociale et caisses de retraites complémentaires, ce qui me permet aujourd’hui de bénéficier d’une retraite mensuelle nette de 2100 €. C’est une retraite décente qui me permet de vivre correctement ; c’est le résultat du fruit de mon travail.

Je ne me considère ni comme un nanti, ni comme un privilégié. C’est pourtant dans cette catégorie de citoyens que M. le Président de la République m’a, comme de nombreux retraités,  répertorié et veut de ce fait diminuer ma retraite de 1,70 % (augmentation de la C.S.G).

Après 4 années de « vaches maigres », cette ponction constitue un fait sans précédent depuis la création des caisses de retraite.  N’étant pas concerné par la mesure de suppression de la taxe d’habitation,  puisque mes revenus annuels sont supérieurs à 20.000 €, je vais subir de plein fouet, tout comme les retraités ayant des revenus mensuels supérieurs à 1 666 € cette amputation de mon pouvoir d’achat.

« La République En Marche » a fait de la « moralisation de la vie publique » un de ses « cheval de bataille ».  Aussi me parait-il important tout d’abord de vous rappeler le gouffre qui existe entre les citoyens lambda, dont je fais partie, et les parlementaires en matière de retraite et d’allocations chômage

Votre retraite est à la fois payée par vos cotisations, mais aussi et surtout par une subvention inscrite au budget de l’Assemblée Nationale (payée par l’Etat, donc par le contribuable). Selon les derniers chiffres communiqués et stables depuis une dizaine d’années, les cotisations versées par les parlementaires représentent environ 12 % du financement de la caisse de retraite des députés. Le reste près de 88 % est payé par les dites subventions. Cela représenterait plus de 53 millions d’euros, contre seulement 8 millions d’euros pour la part prise en charge par les députés. Sur une pension moyenne de 2 700, € net par mois servie par le régime spécial, 2 376 € ne sont pas payés par les principaux intéressés !!! Autrement dit votre retraite n’est pas soumise aux aléas économiques et démographiques comme les autres régimes de retraites par répartition, qui eux subissent de plein fouet la crise économique et la dégradation du ratio cotisants/retraités. Après un seul mandat la retraite d’un député s’élèvera  environ à 1 100 € ce que bon nombre de salariés ne perçoivent pas après une carrière complète ! Faut-il également parler des « avantages » en cas de décès : alors que la réversion servie par le régime général est soumise à conditions de ressources strictes et représente au maximum 54 % de la pension de retraite plafonnée du salarié décédé, celle servie par la Caisse des députés garantit au conjoint survivant 2/3 (66%) de la pension de l’assuré décédé et ce peu importe ses ressources. Quant à vos collègues sénateurs, ils peuvent espérer après 6 ans de mandat 1 900, € et après deux mandats la pension monte environ à 3096, €.

Comment certains parlementaires peuvent-ils oser argumenter, pour maintenir ce privilège, par le « caractère précaire de la fonction, par le rythme de travail soutenu caractérisé par des séances de nuit et par un nombre réduit de congés sur l’année » ? Quelle indécence face au juste combat mené depuis plusieurs décennies par les travailleurs de l’amiante et leur conjoint survivant, combat dont l’issue finale est plus qu’incertaine ! (...)

Il est grand temps de mettre un terme à ce scandale. Il ne peut y avoir deux catégories de citoyens. Celle des parlementaires qui se vote des lois lui permettant de s’octroyer des privilèges payés par les contribuables  et celle des citoyens lambda, salariés, commerçants, artisans qui au fil des années, de plus en plus nombreux désertent les urnes, écœurés par ces pratiques.(...)

NDLR : cette lettre a été adressée en juillet par son auteur aux 577 députés de la nouvelle législature et aux 348 Sénateurs. 

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