La retraite en liberté
Jusqu’à quel âge faudra-t-il reculer l’âge légal du départ à la retraite pour limiter le déficit des caisses ?
En France, c’est sous cet angle que la question se pose. De la loi Woerth, qui a repoussé l’âge minimum à 62 ans, au récent accord Agirc-Arrco, qui frappe d’un malus les salariés qui partiront juste à l’âge légal, la tendance est au « toujours plus tard ». Non sans résultat, puisque en effet le déficit des retraites serait beaucoup plus important si ces efforts n’avaient pas été consentis.
Pourtant, le professeur Jacques Bichot, qui a publié plusieurs études pour Sauvegarde-Retraites (1), a récemment publié sur le site Economie matin un article dans lequel il déplore que les politiques se contentent de « bouger les curseurs », au nombre desquels figure l’âge légal, au lieu d’engager une réflexion sur les réformes systémiques dont la France a besoin.
Le professeur Bichot estime que « la notion d’âge de la retraite est surannée » et contrevient à l’esprit de la Constitution en bridant les libertés individuelles. Il évoque, au contraire, les cas de l’Allemagne, de la Suède et des Etats-Unis, qui n’ont pas d’« âges de la retraite », mais des âges pivots servant au calcul de la pension – que le retraité peut prendre à l’âge qui lui convient, en sachant toutefois que le montant de la pension sera calculé en conséquence.
« Le montant qui serait celui de la pension en cas de liquidation à l’âge pivot est multiplié par un coefficient (dit actuariel) calculé de telle façon que la charge pour la caisse de retraite soit indépendante de l’âge auquel l’assuré social choisit de la liquider. Vous voulez votre pension dès 60 ans ? Libre à vous, mais ce ne sera pas aux dépens des autres assurés sociaux : l’arrérage mensuel sera plus modeste, puisque vous le percevrez plus longtemps. Vous préférez attendre 70 ans ? Libre à vous, et vous ne serez pas le dindon de la farce : le montant mensuel de la pension sera plus élevé puisque vous la percevrez moins longtemps. En termes savants cela s’appelle " neutralité actuarielle " c’est le moyen de concilier la liberté individuelle et l’équité », explique Jacques Bichot.
Nous apporterons deux précisions :
- Les systèmes de retraite allemand, américain et suédois concilient une part de répartition avec une part de capitalisation. Ainsi, en Suède, le système repose sur trois piliers conjuguant la répartition, la capitalisation et un système d’assurances privées (cf. les études de Sauvegarde Retraites n° 28, n° 37, n° 39 , n° 42).
- L’âge de départ est laissé au libre choix des personnes, mais un âge minimal est toutefois requis : 61 ans en Suède, par exemple.
(1) : études n° 28, 37, 39 et 42.
- Mots clés :
- âge de la retraite