Comment les fonctionnaires échappent aux effets des réformes

Les pensions du privé subissent de plein fouet l’effet des réformes successives, mais pas celles de la fonction publique, à cause de diverses compensations.

Le projet de loi de finances 2016 prévoit une nouvelle augmentation de l’indice de liquidation des pensions des fonctionnaires. La mesure n’a rien d’exceptionnel : entre 1992 et 2014, cet indice a augmenté de plus de 24 %, passant de 498 à 628 !

Comment expliquer une telle prodigalité de l’Etat dans une période où les déficits publics se sont inexorablement creusés, les uns après les autres ? Simplement parce que sur les 20 dernières années, les gouvernements successifs ont multiplié les mesures de compensation lorsque les réformes des retraites touchaient - pourtant à la marge ! - les fonctionnaires.

En effet, non seulement les réformes successives n’ont rien retiré des principaux avantages de la fonction publique, mais encore le peu d’efforts demandés a été compensé. Une manière de redonner d’une main discrète ce que l’on prétendait retirer de l’autre avec tambours et trompettes.

L’augmentation de l’indice de liquidation – utilisé pour calculer le montant de la retraite des fonctionnaires – constitue l’un des moyens de compensation, mais il est loin d’être le seul. L’inventivité en la matière est foisonnante : régime Préfon, Régime additionnel de la fonction publique (RAFP), bonifications indiciaires, trimestres gratuits, etc. Sans compter le « coup du chapeau », qui consiste à octroyer une promotion (et donc une augmentation de traitement) au fonctionnaire qui s'apprête à partir à la retraite – et qui a pour effet d'augmenter sa pension, calculée sur les six derniers mois de traitement (et non pas sur la totalité de la carrière, comme c’est le cas pour les salariés du privé).

Pendant ce temps, les pensions des salariés du privé poursuivent leur inexorable érosion (1). L’histoire continue encore et encore : le rabot pour les uns ; la rallonge pour les autres… Nous voilà bien loin du discours officiel sur une prétendue « harmonisation entre régimes ».

(1) Cf. l'étude de Jacques Algarron, La retraite des salariés. Analyse de son évolution entre générations. Départs en 1993, 2008, 2013 et 2015.


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